Les autorités camerounaises espèrent amorcer la voix de la résolution de la crise anglophone avec les régionales. Alors que les des leaders de plusieurs groupes armés séparatistes appellent au boycott.
C’est une première au Cameroun. Les élections régionales, prévues par la Constitution depuis 1996, sont prévues le 6 décembre prochain. Ainsi en a décidé le président de la République Paul Biya dans un décret rendu public le lundi 7 septembre 2020.
Ce scrutin intervient après la promulgation de la loi sur le Code général des collectivités territoriales décentralisées qui prévoit un statut spécial pour les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Mais permettra-t-il d’accélérer le retour à la paix dans les deux régions anglophones ?
Un pas de géant vers la décentralisation
C’est la question qui est sur toutes les lèvres. Pour répondre, le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji, estime que ces élections constituent « un pas de géant », au désir exprimé par les Camerounais d’une plus forte « décentralisation ». Mieux, c’était l’une des promesses issues du dialogue national d’octobre dernier. Or, sans mise en place effective des conseils régionaux, impossible d’appliquer la loi de décentralisation votée cette année.
Selon un analyste, qui souhaite rester dans l’anonymat, ce scrutin est une manière pour le chef d’Etat de montrer à l’opinion nationale et internationale que les choses « avancent ». Mais est ce que l’avis de tout le monde surtout que des voix se lèvent dénoncer « l‘inertie » autour de la mise en œuvre du statut spécial pour le Nord-ouest et le Sud-ouest. Une autre promesse phare issue du dialogue d’octobre dernier.
L’appel au boycott des séparatistes
Autre voix discordante. Celle des leaders de plusieurs groupes armés séparatistes. Ils ont déjà appelé les populations anglophones à ne pas participer à ces élections qu’ils considèrent comme « illégitimes ».
Aux dires des séparatistes, « il ne s’agit pas d’une concession assez forte pour les pousser à renoncer aux armes », estime Joseph Léa Ngoula. C’est un analyste indépendant. « Ce scrutin risque d’avoir un impact très limité sur la crise et de ne pas aboutir à la désescalade » redoute-t-il, joint par RFI.
Notons que l’élection des conseillers régionaux est l’aboutissement d’un cycle électoral commencé le 25 mars 2018 avec l’élection des sénateurs. Puis l’élection présidentielle le 7 octobre 2018, pour finir le double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020. La fin de ce long cycle électoral devrait permettre au chef de l’Etat camerounais de se consacrer totalement à la mise en œuvre du programme des « Grandes opportunités ».