La junte évoque une transition de plus d’un an dirigée par un militaire. Pourtant elle avait promis une transition politique civile la plus courte possible lors de sa première prise de parole publique.
Mardi 8 septembre, des centaines de personnes se sont rassemblées à Bamako. Les manifestants ont scandé des slogans saluant la prise du pouvoir par les militaires. Tout comme ils ont brandi des portraits du colonel Assimi Goïta, le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP).
Changement de discours des putschistes
Trois semaines après le putsch, la junte s’installe chaque jour un peu plus dans la gestion du pouvoir. Elle multiplie les nominations à certains postes clés après désigné Assimi Goïta le chef de l’État.
Malgré qu’elle soit soumise aux pressions de la Cedeao, la junte évoque désormais une transition de plus d’un an dirigée par un militaire. Pourtant elle avait promis une « transition politique civile » la plus courte possible lors de sa première prise de parole publique.
Ce changement de discours est à l’origine de tensions entre les putschistes et Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Le M5-RFP a réclamé pendant des mois la démission de l’ancien président alors que les leaders du mouvement continuent de se présenter comme l’« allié principal » du CNSP. De leur côté, les militaires essayent de les maintenir loin des autres partis et organisations de la société civile.
Malgré l’unité affichée, les tensions fortes sont apparues entre le M5-RFP et le CNSP. Le 29 août par exemple, une première tentative de concertation avait tourné au fiasco après un coup de colère du M5-RFP.
Le CNSP tiraillé entre plusieurs tendances
Jusqu’à ce jour, les appels du M5 pour accéder au rang d’« allié principal » de la junte restent sans suite. « Le CNSP est aujourd’hui tiraillé entre plusieurs tendances. Il y a ceux qui se présentent comme des acteurs du changement, ceux qui étaient indifférents aux manifestations et, enfin, ceux qui ont soutenu le président Ibrahim Boubacar Keïta jusqu’à sa démission », analyse Baba Dakono. Il est le secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité au Mali.
Dans les rangs de la junte, la méfiance vis-à-vis des politiques est grande. « Ils sont hostiles à la vieille garde de M5-RFP », affirme un membre du mouvement, sous couvert d’anonymat.
Malgré ces différences, les membres du M5-RFP se sont entendus sur une liste de propositions pour la mise en place de la transition. Ils sont aussi d’accord pour demander que le pouvoir soit confié à un civil.