Les raisons de son interpellation tiendraient à la découverte de faux mandats correspondants à des décaissements mensuels de 33 millions de FCFA.
Selon la presse gabonaise, Léandre Nzué, le maire de Libreville, a été placé en garde à vue vendredi 11 septembre. Son arrestation s’est faite après avoir été longuement interrogé dès 11 heures du matin au B2. C’était dans le cadre d’une enquête pour détournement de fonds et abus de biens sociaux, indiquent des sources judiciaires.
La garde à vue de Léandre Nzué fait suite à l’audition durant toute cette semaine par les services de la Direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire (DGCISM), communément appelée B2, de plusieurs de ses collaborateurs.
Un weekend derrière les barreaux
Arrêté à la fin de son audition, le maire de Libreville passera donc le weekend derrière les barreaux. Lundi, il sera présenté au procureur de la République, André Patrick Roponat.
Les raisons de son interpellation tiendraient à la découverte de faux mandats correspondants à des décaissements mensuels de 33 millions de FCFA qui gonflaient artificiellement la masse salariale et dont le maire aurait été le bénéficiaire. C’est du moins ce que croit savoir la presse locale qui cite différentes sources judiciaires.
Pour quel usage ? Personnel ? Politique ? Les deux ? A l’enquête de le démontrer. Une autre source évoque, quant à elle, un système d’extorsion de fonds dont des dizaines de commerçantes de Libreville auraient été les victimes.
Des emplois fictifs
Le 18 juin dernier, Léandre Nzué avait affirmé publiquement recruter des agents au sein de la mairie de Libreville en vue de constituer une clientèle électorale. Une pratique clientéliste susceptible de déboucher sur des emplois fictifs qui est punie par la loi.
A l’époque des faits, cette déclaration avait été fortement condamnée par son parti, le PDG. Cette semaine, les responsables des groupes politiques, y compris ceux de l’opposition, lui ont apporté leur soutien. Si un vaste scandale de corruption était mis à jour au sein de la mairie, ils pourraient eux aussi être amenés à s’expliquer devant la Justice.
En tout état de cause, l’interpellation du maire de Libreville intervient dix mois après celle d’une trentaine de hauts responsables publics dans le cadre de l’enquête anti-corruption Scorpion. Cette opération a notamment coûté son poste à l’ex-directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga.
Le Roi Ali Bongo élimine ses adversaires politiques. C’est le même style dans toutes les dictatures d’Afrique francophone. Seuls les néophytes peuvent donner un quelconque crédit à ce soi-disant détournement de fonds évoqué comme prétexte à cette arrestation arbitraire.