Le tribunal militaire de Yaoundé a rendu son verdict lundi 21 septembre cinq ans après les faits.
Le vidéogramme de deux femmes, les yeux bandés et de leurs enfants tués par balles à l’Extrême-Nord avait fait le tour des réseaux sociaux en 2015. Le meurtre avait été attribué aux militaires déployés sur le terrain dans le cadre de la lutte contre Boko Haram. Lundi 21 septembre, cinq ans après les faits, le tribunal militaire de Yaoundé a condamné cinq militaires à des peines d’emprisonnement pour « assassinat ». Le gouvernement avait d’abord nié l’implication de son armée, avant de faire arrêter sept suspects.
De non-coupables à coupables
Tous avaient plaidé non coupable mais seulement deux ont été acquittés. Trois militaires, Ciriaque Hilaire Bytlaya, Jean Tchanga et Barnabas Donossou, ont été reconnu « coupables des faits de coaction d’assassinat », avant d’être condamnés chacun à 10 ans de prison ferme. La même peine a été infligée au capitaine Étienne Fabassou, chef des accusés au moment des faits, reconnu coupable de « complicité d’assassinat ».
Un cinquième militaire, Ghislain Ntienche, a, pour sa part, écopé de deux ans de prison ferme pour « violation de consignes » dans le cadre de la même affaire. L’avocat du capitaine Fabassou a déjà annoncé qu’il comptait faire appel. Selon lui, la procédure judiciaire n’a pas été suivie car « de l’enquête à la phase de jugement en passant par l’information judiciaire, les ayants-droits des victimes n’ont jamais comparu et n’ont pas été entendus ».
Scène macabre
Le drame s’était déroulé en 2015 dans la localité de Zeleved, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, où le groupe jihadiste nigérian Boko Haram et une branche dissidente multiplient les attaques meurtrières ces dernières années contre les civils et l’armée. Lorsque la vidéo était devenue virale sur les réseaux sociaux en 2018, le pouvoir du président Paul Biya, à la tête du Cameroun depuis 1982, ainsi que l’armée avaient fermement nié l’implication de leurs soldats, parlant de « fake-news » et d' »horrible trucage ». Mais il s’était rétracté en août 2018, annonçant l’arrestation de sept militaires.