Depuis mardi, le domicile du président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, initiateur des « Marches pacifiques » reste fortement envahi par les Forces de maintien de l’ordre. Conséquence le leader de l’opposition affirme être « retenu » chez lui contre son gré.
Dans un entretien téléphonique accordé à l’AFP, l’opposant camerounais, Maurice Kamto, affirme qu’il est « retenu » contre son gré chez lui depuis 5 jours pour avoir appelé à « des marches pacifiques » contre le régime de Paul Biya, depuis 38 ans au pouvoir, mais qu’il est toujours « ouvert au dialogue ».
Le challenger de Paul Biya à l’élection présidentielle de 2018 n’a pas pu prendre part à la marche du 22 septembre car dit-il à l’AFP, « vendredi matin, le commissaire du VIe arrondissement qui couvre mon secteur a dit à ses éléments: vous prenez toute personne qui tente de sortir. Dans ces conditions, ni moi, ni personne dans ma résidence, n’a essayé de sortir. J’ignore moi-même quel est mon statut, car aucun acte ne m’a été signifié jusqu’à présent. Séquestration, placement sous blocus, détention extrajudiciaire, résidence surveillée… Je suis retenu contre mon gré« .
Forte militarisation des métropoles
La marche du 22 septembre a été selon les membres du gouvernement un fiasco retentissant. A Yaoundé, capitale politique aucune mobilisation enregistrée, juste quelques manifestants à Douala, étouffés par les forces répressives. Maurice Kamto reconnait que les principales villes ont été quadrillées une semaine avant le jour dit.
« Dans quel pays avez-vous vu un tel déploiement de forces répressives une semaine avant les marches ? (…) Le dispositif, la militarisation des principales villes, parfois y compris des petites villes, a été en place avant, pendant et après. Et au moment où je vous parle, on continue d’arrêter les militants et sympathisants (…). Si s’exprimer c’est mettre un million de gens dans la rue pour qu’on comprenne que le peuple est mécontent, probablement ils ne verront jamais ça au Cameroun parce qu’il y a, dans notre pays, depuis avant les indépendances, une culture de la répression et nos forces de défense et de sécurité sont formées à cela. Mais il y a eu des milliers de manifestants (…) qui ont risqué leur vie pour leur liberté. On a tiré sur eux à Douala. Des gens sont brûlés, je ne sais pas par quoi. Actuellement, nous dénombrons 593 arrestations ».
Toujours ouvert au dialogue avec Paul Biya
Maurice Kamto reste ouvert au dialogue avec Paul Biya. « Je reste dans le même état d’esprit. Je n’ai jamais cessé de tendre la main. Je suis toujours disposé à dialoguer. Je suis prêt. Nous sommes ouverts au dialogue » a-t-il répondu à l’AFP. Avant de poursuivre : « c’est une posture permanente. Nous avons toujours pensé, au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun dès son lancement en 2012, que seul le dialogue permet de régler les différends politiques (…). Il ne faut pas accepter qu’il y ait des débordements jusqu’à la violence. Dans un contexte de répression, de terreur, ceux qui ont marché mardi, comme lors de toutes nos précédentes marches, l’ont fait pacifiquement. Ce n’était pas une insurrection. On n’annonce pas une insurrection.