Selon le président Ramaphosa, cette démarche aiderait aussi à créer de l’emploi dans les zones rurales.
L’Afrique du Sud prévoit de louer 700.000 hectares de terres agricoles à des fermiers noirs. Cette initiative vise à réparer des inégalités raciales héritées de l’apartheid, a affirmé lundi le président sud-africain. Précisant que cela aiderait aussi à créer de l’emploi dans les zones rurales.
La semaine dernière, le gouvernement avait annoncé qu’il proposerait à partir de mi-octobre des baux de trente ans sur des terres sous-utilisées ou libres. A condition que les loueurs s’engagent à les utiliser à des fins agricoles. Cette démarche s’inscrit dans un programme plus large visant à atténuer les inégalités patentes issues du colonialisme. Puis du régime de ségrégation raciale issu de l’apartheid qui concentrent les terres aux mains de la minorité blanche.
La redistribution des cartes
«Au vu de notre histoire, l’ouverture d’un accès aux terres agricoles pour une production commerciale et une agriculture vivrière est une priorité nationale», a dit le président Cyril Ramaphosa, dans sa lettre hebdomadaire à la nation. «La propriété de la terre restant concentrée entre quelques mains, et la production agricole restant principalement le fait de fermiers commerciaux blancs, les effets de notre passé se font encore ressentir dans le présent», a-t-il souligné.
Il faut rappeler que l’État avait attribué 8,4 millions d’hectares à des «personnes autrefois désavantagées» entre 1994 et 2018. Mais seulement 10% de ces surfaces étaient consacrées à l’agriculture. Quand l’ANC au pouvoir depuis 1994, c’est-à-dire à la fin de l’apartheid, l’État avait promis la redistribution de 30% des quelque 60.000 exploitations agricoles à des fermiers noirs. Malheureusement cette réforme reste «lente et inefficace», a constaté une récente étude.
En Afrique du Sud, l’agriculture reste une priorité car plus de 40% des gens en zone rurale et près des 60% des citadins ont manqué de nourriture l’an dernier. Ce sont des chiffres qu’avance le président. Des chiffres qui ont probablement augmenté avec le confinement. M. Ramaphosa veut que ces nouveaux fermages contribuent à «transformer le paysage agricole»: «Ils doivent dissiper le stéréotype selon lequel seuls les fermiers blancs ont du succès, pendant que fermiers noirs sont perpétuellement en train d’émerger».