Si certains leaders séparatistes appellent à lever le boycott des écoles, d’autres n’y sont pas du tout d’accord. Les parents sont effrayés à l’idée d’envoyer les enfants à l’école.
Au Cameroun, c’est jour de rentrée des classes après plusieurs mois d’interruption en raison du coronavirus. Bien qu’effective, cette reprise des cours s’annonce compliquée dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest. Dans ces parties du pays, des centaines de milliers d’enfants sont déscolarisés depuis maintenant trois ans à cause du conflit armé en cours.
En effet, les régions anglophones du Cameroun connaissent depuis 2016 des troubles qui se sont transformés en luttes sécessionnistes. Conséquence, près de 600 000 enfants sont privés de scolarité disait l’Unicef il y a un an et près de 4 500 écoles fermées.
Un désaccord entre les leaders et différents groupes séparatistes
Ce 05 septembre, si certains leaders séparatistes appellent à lever le boycott des écoles, d’autres n’y sont pas du tout d’accord.
« Il y a surtout un désaccord entre les leaders et différents groupes séparatistes. Certains ont déclaré que la stratégie du boycott ne marche plus, qu’elle n’est plus une arme de combat pour l’indépendance, qu’elle doit être abandonnée et que les combattants sur le terrain devraient permettre l’éducation des enfants. Mais d’autres ont pris des positions plus radicales, en disant par exemple, que les écoles ne devraient reprendre qu’après la conclusion d’un accord de texte et en tout cas pas avant des négociations. Mais il y a aussi d’autres, qui soutiennent plutôt l’interdiction des écoles étatiques, des écoles publiques, et la reprise de celles dites communautaires, où l’étude – par exemple, de la langue française, l’histoire du Cameroun -, serait interdite, ainsi que le chant de l’hymne national du pays », estime Ilaria Allegrozzi chercheuse pour Human Rights Watch. Elle est interrogée par nos confrères de RFI.
Une présence dissuasive autour des écoles ?
De son côté, l’armée camerounaise tente de rassurer les populations effrayées à l’idée d’envoyer les enfants à l’école. Elle affirme avoir fait reculer les combattants indépendantistes. Une situation qui n’est pas clairement établie pour la chercheuse Ilaria Allegrozzi.
« Le gouvernement a déclaré que, suite à de multiples opérations menées les dernières semaines, dans les deux régions anglophones, l’armée a libéré plus de cent écoles de séparatistes. Le problème est que les opérations militaires peuvent, justement, déloger les combattants séparatistes des écoles. Mais la question est de savoir si les forces de sécurité sont en mesure de garder ces écoles – entre guillemets – libérées, sécurisées, protégées… Et surtout, si les forces de sécurité sont capables de maintenir une présence dissuasive autour de ces écoles, pour éviter que les séparatistes ne reviennent et sans remettre en cause le caractère neutre de l’école », interroge-t-elle.