Une source algérienne, sous le sceau de l’anonymat, indique que cette action non concertée des Maliens pourrait raviver les tensions entre les factions terroristes, les autorités et les forces de la coalition Barkhane et celles de la Minusma.
L’Algérie a mal à ses relations bilatérales avec le Mali. A cause de l’instabilité que connait son voisin du Sud, Alger envisage de repenser la coopération. Car pour Alger, la remise en liberté dimanche 4 octobre de plus d’une centaine de terroristes en vue de sauver Soumaïla Cissé et l’otage Sophia Pétronin constitue un danger pour la sécurité algérienne.
« Cette action non concertée des Maliens risque de déstabiliser encore plus le Nord du Mali, en proie à une véritable guerre entre les factions terroristes, les autorités et les forces de la coalition Barkhane et celles de Minusma », estime un officiel algérien.
L’accord d’Alger hypothéqué
« Les accords d’Alger avaient pour but de cimenter les relations Nord-Sud, de parvenir à déployer l’Etat central malien partout et avoir une armée cohérente et équilibrée », ajoute la source algérienne tout en constatant qu’aucun accord n’a été rempli. L’accord de paix signé à Alger en 2015 n’a pas réussi à stopper la flambée des violences terroristes au Nord du Mali. Raison pour laquelle, Alger a opté pour un règlement politique global inter-malien et considère que la situation sécuritaire est une conséquence et non une cause de l’instabilité.
Le gouvernement de transition malienne va-t-elle l‘appliquer ?
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui n’a pas pris part aux concertations nationales organisées au Mali a dit prendre acte de la nomination du colonel Bah N’Daw à la tête de la transition. Un colonel considéré par certains Maliens et analystes, comme réfractaire à la signature de l’Accord d’Alger. Pour Boubacar Salif Traoré, spécialiste des questions de sécurité et de développement dans le Sahel, les autorités de transition devraient certainement avec la CMA, réviser certains points de l’Accord d’Alger.
« En décembre 2019, il y a eu le dialogue national inclusif qui avait demandé de revoir l’accord de paix d’Alger. De 2015 à ce jour, il y a eu très peu d’avancées dans la mise en œuvre de cet Accord d’Alger et l’Algérie tente de relancer les choses et en l’espace d’un mois, des négociateurs algériens ont effectué deux voyages au Mali pour rencontrer la junte au pouvoir », explique le chercheur.