Un article voté fin 2019 impose aux candidats d’être parrainés par 16 députés ou maires pour concourir au scrutin.
Au Bénin, la prochaine élection présidentielle en mars 2021 pourrait se tenir sans aucun candidat de l’opposition. En cause, un article voté fin 2019, qui impose aux candidats d’être parrainés par 16 députés ou maires pour concourir au scrutin.
A cela s’ajoute plusieurs condamnations judiciaires contre des hommes politiques d’envergure. Prédisant un scrutin « sans opposition crédible », craint Mathias Hounkpe. Il est chercheur à la fondation Open Society en Afrique de l’Ouest (Osiwa).
Des opposants condamnés à l’exil
« Mathématiquement, il est donc impossible d’avoir un candidat de l’opposition », constate Ralmeg Gandaho. C’est le coordinateur de « Laissez-moi choisir », un collectif d’organisations de la société civile milite pour la suppression du parrainage.
De son côté, le président Patrice Talon réaffirme son attachement au parrainage des élus. Selon lui, disait-il à Jeune Afrique début octobre, cette mesure vise à assainir l’échiquier politique dans un pays qui comptait des dizaines de partis.
En exil, les grandes figures de l’opposition ne pourront pas concourir à l’élection. Car condamnées par la justice béninoise. Le chef de l’Etat est accusé par ses détracteurs d’avoir « instrumentalisé » la justice avec la création d’un tribunal spécial.
Des opposants muselés
Dans ce tribunal, « sur plus de cinq cents condamnations prononcées à peine dix concernent des acteurs politiques », réplique le président Talon dans Jeune Afrique. Parmi eux, l’homme d’affaire Sébastien Ajavon, arrivé troisième à la dernière présidentielle. Il a été condamné en 2018 à 20 ans de prison pour trafic de drogue.
Une condamnation jugée illégale par la Cour africaine des droits de l’Homme. Mais le Bénin refuse de l’annuler. « Tout a été mis en œuvre pour empêcher M. Ajavon de se présenter à cette élection qui a été complètement verrouillée », dénoncent ses avocats Marc et Julien Bensimhon.
Installé à Washington, l’opposant Komi Koutché, ancien ministre des Finances, a été également condamné à 20 ans de prison pour détournement: « Cette élection ne se fera pas sans moi », assure-t-il à l’AFP.