La Ligue des droits de l’homme Iteka dénonce une grave violation de la Constitution.
Au Burundi, l’ex-député d’opposition Fabien Banciryanino, a été arrêté sans mandat le 2 octobre. Il y a une semaine, il a été écroué à la prison de Mpimba à Bujumbura pour « rébellion, dénonciations calomnieuses et atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’État ». Alors que l’un de ses avocats, indique son client a été interrogé sur des propos tenus au cours d’une plénière de l’Assemblée nationale, en février 2020.
Fabien Banciryanino a été l’une des rares personnes à avoir critiqué le pouvoir au cours de la dernière législature. Lors de cette séance de février 2020, qui restera dans les annales, l’Assemblée nationale devait adopter un projet de loi qui élevait le président Pierre Nkurunziza au titre de « Guide suprême du patriotisme ».
L’ex-député en sécurité
Ce jour-là, l’homme politique est le seul député à s’élever ouvertement contre cette décision. Il invoque pour cela « les graves crimes commis tout au long des 15 ans de pouvoir du président Pierre Nkurunziza », aujourd’hui défunt. C’est alors que le président de l’Assemblée de l’époque qualifie l’élu de « téméraire ».
Depuis la fin de son mandat il y a deux mois, l’ex-député ne se sentait plus en sécurité. La Ligue des droits de l’homme Iteka, une dizaine de jours après son arrestation, dénonce une grave violation de la Constitution. « L’arrestation de Fabien Banciryanino est une grave violation de la loi d’autant que la Constitution burundaise, dans son article 155, stipule qu’aucun parlementaire ne peut être poursuivi pour les propos qu’il a tenu ou un choix qu’il a opéré dans l’exercice de son mandat », explique Anschaire Nikoyagize. Il est président de l’Iteka, à Esdras Ndikumana, du service Afrique.
Péril sur la démocratie
Si les faits sont avérés, il s’agit d’un signal très angoissant, relève de son côté l’organisation Human Right Watch. « C’est un message : il ne faut pas oser dénoncer les actes commis par le gouvernement. », déclare Lewis Mudge, en charge de cette ONG en Afrique centrale.
Il faut dire que le président actuel du Burundi, Evariste Ndayishimiye a « décidé de ne pas tourner la page », poursuit Lewis Mudge, « il continue avec les mêmes moyens de répression constatés, documentés à l’époque de Pierre Nkurunziza et ça c’est un signe préoccupant. »
Pour l’instant, aucune autorité burundaise n’a accepté de s’exprimer sur l’arrestation de l’ex-député d’opposition.