Des centaines de manifestants ont défilé devant les portes du parlement nigérian jeudi, quelques heures après que l’armée se soit déclarée prête à intervenir et à rétablir l’ordre après plus d’une semaine de manifestations contre les brutalités policières.
La manifestation a défié l’interdiction des rassemblements de masse dans la capitale Abuja qui, selon le gouvernement, a été imposée plus tôt dans la journée de jeudi pour arrêter la propagation du coronavirus.
Des foules en délire ont également bloqué les routes et agité des drapeaux et des banderoles dans le centre commercial de Lagos, où les manifestants ont déclaré s’être heurtés à des hommes non identifiés portant des armes.
Des vidéos sur les médias sociaux ont montré des hommes sortant d’un bus et poursuivant des manifestants, bien que Reuters n’ait pas pu vérifier les images.
« Nous avons assez souffert. Nous, les jeunes, nous voulons rester debout – plus de brutalité », a déclaré une manifestante, Obinna Paul, dans une autre partie de la ville où la foule a bloqué un péage canalisant la circulation vers et depuis l’aéroport principal.
Le gouverneur de l’État de Lagos, Babajide Sanwo-Olu, a déclaré sur Twitter qu’il condamnait les attaques contre des manifestants pacifiques « par des éléments armés et sans scrupules qui tentent de semer le chaos ».
Tard dans la journée de mercredi, l’armée a publié une déclaration intitulée « L’armée nigériane met en garde les éléments subversifs et les fauteurs de troubles ».
« La NA (armée nigériane) est prête à soutenir pleinement l’autorité civile, à quelque titre que ce soit, pour maintenir l’ordre public et faire face à toute situation avec détermination », a-t-elle déclaré.
Les manifestants ont organisé des marches quotidiennes depuis mercredi dernier, appelant à une révision des forces de police.
La police a répondu aux manifestations par des passages à tabac, des gaz lacrymogènes et des tirs d’armes à feu qui, selon le groupe de défense des droits de l’homme Amnesty International, ont fait au moins dix morts. Mais la police a accepté, mardi, de ne plus recourir à la force contre les manifestants.
En réponse aux protestations, le chef des forces de police nigérianes a dissous dimanche l’Escouade spéciale contre le vol (SARS), une unité que les manifestants ont accusée de passages à tabac, d’assassinats et d’extorsion.
Les manifestants ont demandé des réformes plus significatives. Les manifestants disent craindre qu’une nouvelle unité, dont la création pour « combler les lacunes » laissées par le SRAS a été annoncée mardi, ne soit qu’un changement d’image de l’escouade.
Avec Reuters