La population jeune exige des réformes dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Elle en veut particulièrement au chef de l’Etat qui tarde à réagir officiellement.
Malgré la suppression de la brigade anti-criminalité, la colère contre les violences policières ne faiblit pas au Nigeria. Les manifestations continuent et les slogans des contestataires visent désormais les élites politiques nigérianes. Et en particulier Muhammadu Buhari, le président nigérian.
« Nous avons réclamé l’arrêt de cette brigade anti-criminalité le premier jour », lance fâché Prince Ironsi. « Le président n’a rien dit, le deuxième jour, il n’a rien dit, le troisième jour, il n’a rien dit… Le président est sourd, il ne nous entend pas… Parce qu’il laisse des citoyens être brutalisés, Muhammadu Buhari devrait démissionner ».
La présence dissuasive des policiers
Lundi, à Abuja les autorités policières ont renforcé la protection des lieux du pouvoir. Les forces de maintien de l’ordre ont investi le centre de la capitale. Au même moment, l’armée a renforcé cette présence policière notamment autour des grands axes menant vers les quartiers des ministères, de l’Assemblée nationale, des ambassades et de la Banque centrale.
Toute la matinée, les forces de sécurité ont tentent d’empêcher des contestataires d’occuper certains lieux. Mais l’aéroport de Lagos et plusieurs grands axes ont été bloqués par la jeunesse.
« Ce n’est pas la faim qui me pousse à crier dans la rue ! Je manifeste au nom de mes futurs enfants qui ne sont pas encore nés… Si on continue comme ça au Nigeria, les prochaines générations n’auront pas à manger ! », déclare un manifestant dans un cortège qui bloque la circulation à Jabi. C’est une zone résidentielle et commerciale pas très loin du centre-ville.
« Je suis en colère… j’ai tellement la rage, comment pouvons-nous être dans un pays et vivre sans paix, sans jamais être joyeux ? Sans aucun moment de bonheur à partager ? Le prix du carburant a encore augmenté, ça va continuer… Et pour la nourriture? Un sac de 50kg riz s’achète maintenant contre l’équivalent de 80 euros. Pas de sécurité ! Nos vies ne valent rien, ici au Nigeria ! », lance Joshua.
Notons que depuis une semaine, il y a des manifestations généralisées contre l’Escouade spéciale de lutte contre le vol (Sars). La population jeune exige des réformes dans le pays le plus peuplé d’Afrique.