L’agence des Nations Unies pour les réfugiés a déclaré mercredi qu’elle travaille avec le gouvernement soudanais pour aider plus de 7000 réfugiés éthiopiens, qui ont franchi la frontière, fuyant les affrontements entre les forces du gouvernement fédéral éthiopien et le gouvernement régional du Tigré.
Les réfugiés sont temporairement hébergés dans des centres de transit situés près des points d’entrée à la frontière soudanaise de Ludgi et Hamdayet, selon un communiqué du HCR. Le HCR et les autorités locales procèdent conjointement à la sélection et à l’enregistrement des personnes ainsi qu’à la fourniture d’eau et de repas aux hommes, femmes et enfants éthiopiens, a déclaré l’agence.
Le HCR a indiqué qu’il intensifie la préparation de l’aide d’urgence dans la région, en travaillant avec les gouvernements et les partenaires pour mettre en place des mesures visant à répondre à un plus grand nombre de réfugiés « au fur et à mesure que la situation évolue ».
« Nous exhortons les gouvernements des pays voisins à garder leurs frontières ouvertes pour les personnes forcées de quitter leurs maisons », a déclaré la directrice du bureau régional du HCR, Clémentine Nkweta-Salami. L’agence des Nations Unies demande également aux autorités éthiopiennes de prendre des mesures qui permettront à l’aide d’atteindre en toute sécurité « les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du Tigré », a déclaré Mme Nkweta-Salami.
Avec des milliers de réfugiés arrivant à la frontière soudanaise au cours des dernières 24 heures, « et avec le conflit qui semble s’intensifier », le HCR a déclaré qu’il s’attendait à ce que ces chiffres « augmentent fortement ».
La situation exigera que l’agence, les gouvernements et leurs partenaires augmentent les ressources « pour répondre aux besoins des demandeurs d’asile », a déclaré le HCR.
Le gouvernement de transition soudanais a exprimé son inquiétude concernant l’escalade de la violence entre le gouvernement fédéral éthiopien et le Front populaire de libération du Tigré (Tigray People’s Liberation Front, TPLF) en début de semaine et a appelé toutes les parties à résoudre le conflit de manière pacifique.
Appels à la retenue
Suite à une réunion sur la sécurité lundi, présidée par le chef du Conseil Souverain du Soudan, Abdul Fatah Al Burhan, le ministre soudanais de la défense, Ibrahim Yasin, a exhorté le gouvernement éthiopien et les forces régionales du Tigré à s’abstenir de toute violence.
« Nous exhortons tous les rivaux à faire preuve de sagesse et de retenue et à recourir à une solution pacifique. Le gouvernement soudanais est également très préoccupé par l’impact des combats en cours en Éthiopie », a déclaré M. Yasin aux journalistes.
« Nous avons également appelé la communauté régionale et internationale à remplir ses devoirs moraux pour soutenir la paix et la stabilité dans la région et renforcer les opportunités de paix dans l’Éthiopie voisine », a-t-il déclaré.
Jeudi dernier, les autorités locales de l’État soudanais de Kassala ont fermé leur frontière au poste frontière de Wed Al Hileo avec l’Éthiopie voisine.
Le gouverneur par intérim de l’État de Kassala, Feteh Arrahamn Al Amin, a déclaré qu’un comité local avait été formé pour surveiller la situation le long de la frontière et accueillir les civils qui fuient la violence dans la région du Tigré.
Risque de crise humanitaire
Selon Abdul Muniem Abu Idris, analyste politique et journaliste soudanais de longue date, l’escalade de la violence dans la région du Tigré pourrait toucher les États de Kassala et de Gadarif au Soudan et créer de l’insécurité le long de la frontière, ce qui entraînerait une crise humanitaire.
« Il y a déjà un conflit tribal dans ces deux États soudanais et la frontière entre les deux pays a été le théâtre d’une série de trafics d’armes à feu et la région a été active dans la lutte contre la traite des êtres humains, donc toute insécurité dans le Tigré voisin pourrait augmenter le niveau de ces pratiques illégales », a déclaré Abu Idris au South Sudan in Focus de VOA.
En tant que président du bloc régional de l’IGAD, le Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok est moralement obligé d’amener les deux rivaux éthiopiens à la table des négociations, a déclaré Abou Idris.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a également exprimé son inquiétude face à l’escalade de la violence en Ethiopie. Au siège des Nations unies, lundi à New York, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général, a déclaré que António Guterres s’était entretenu avec Hamdok et le chef de l’Union africaine et avait exprimé la volonté des Nations unies de soutenir l’IGAD et l’UA « dans toute initiative visant à remédier à la situation ».
M. Dujarric a averti que la région pourrait connaître une crise humanitaire car près de neuf millions de personnes à haut risque vivent près de la zone de conflit.