Ces chiffres sont révélés par Amnesty International Nigeria qui dans un rapport, s’inquiète de l’avenir des personnes âgées confrontées aux violences de Boko Haram.
Dans un rapport, publié le mardi 8 décembre, Amnesty International Nigeria s’inquiète de l’avenir des personnes âgées confrontées aux violences de Boko Haram. Ainsi que de l’armée nigériane dans l’état de Borno, situé dans le Nord-est du pays.
Ce rapport de 67 pages retrace la double peine pour cette population : d’une part, elle est persécutée par les djihadistes, et d’autre part, victimes des exactions de l’armée. Une population totalement invisibilisée, d’après ce rapport titré : « Mon cœur saigne : la vie des personnes âgées face au conflit, au déplacement et à la détention dans le Nord-est du Nigeria»
Le vécu des personnes âgées dans l’État de Borno s’assimile à « des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité.» C’est du moins l’avis de Joanne Mariner, directrice sur les situations de crise à Amnesty International.
Quand les populations quittent leurs villages, menacés par l’avancée des djihadistes, les personnes âgées restent parfois sur place. Ceci dans l’espoir de continuer à cultiver leurs champs pour se nourrir. Toutefois « beaucoup d’entre elles sont mortes de faim chez elles ou y ont été massacrées» d’après le rapport d’Amnesty.
Les zones contrôlées par Boko Haram
Trop faibles pour partir, «de nombreuses personnes âgées à mobilité réduite» ont « été abattues ou gravement blessées par des soldats qui mitraillaient les maisons », fait remarquer les recherches de l’ONG : « D’autres ont été brûlées vives […] lorsque l’armée a incendié des villages », suspectées de soutenir le groupe Boko Haram.
Amnesty International a échangé avec des hommes et des femmes qui ont été arrêtés. Ensuite « détenues illégalement dans des conditions particulièrement inhumaines, pour des périodes allant de quatre mois à cinq ans », alors qu’ils évitaient les zones contrôlées par Boko Haram.
Selon l’ONG, 10 000 personnes sont mortes en détention depuis 2011. Notamment dans le sinistre caserne de Giwa, à Maiduguri et dans d’autres lieux de détention de l’armée. Les hommes âgés sont surreprésentés, puisque ceux-ci compteraient pour 15 % à 25 % des décès, liés aux « conditions épouvantables» d’enfermement.