L’ex-président de la République centrafricaine a nié, par l’intermédiaire de son porte-parole, qu’il prépare un coup d’État.
Samedi, le gouvernement a accusé François Bozizé de marcher avec une alliance rebelle sur la capitale, Bangui, une semaine avant des élections générales.
Mais le porte-parole Christian Guenebem a déclaré qu’il était dans sa maison à Bossangoa.
« Si, dans l’esprit de certains hommes des groupes armés, il représente une alternative, ce n’est pas la faute de François Bozizé », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision francophone RFI.
« C’est peut-être la faute de ceux qui n’ont pas su proposer une alternative crédible ».
La tension est montée d’un cran après le rejet de la candidature de M. Bozizé aux élections nationales de la semaine prochaine par la plus haute juridiction du pays.
L’ONU a déclaré vendredi qu’elle avait déployé des forces de maintien de la paix dans le pays.
Le président Faustin Archange Touadéra a insisté pour que le scrutin ait lieu, affirmant que la présence de l’armée et des forces de maintien de la paix de l’ONU signifie que les gens n’ont rien à craindre.
Mais les partis d’opposition, dont celui de M. Bozizé, ont demandé que le vote soit reporté « jusqu’au rétablissement de la paix et de la sécurité ».
Des groupes rebelles se sont emparés de plusieurs villes proches de la capitale de la RCA, s’affrontant aux forces gouvernementales et pillant les biens, et l’ONU a déclaré que ses troupes s’efforçaient d’empêcher un blocus de Bangui.
M. Guenebem a déclaré à l’agence de presse AFP : « Nous nions catégoriquement que Bozizé soit à l’origine de quoi que ce soit ».
La RCA est l’un des pays les plus pauvres et les plus instables d’Afrique, même si elle est riche en ressources comme les diamants et l’uranium. L’ONU estime que la moitié de la population dépend de l’aide humanitaire et que jusqu’à un cinquième a été déplacé.
Qui sont les principaux acteurs de cette crise ?
François Bozizé, un chrétien, est arrivé au pouvoir après un coup d’État en 2003 et a ensuite remporté deux élections qui ont été largement considérées comme frauduleuses. Il a été évincé en 2013 par la Séléka – une coalition de rebelles issus en grande partie de la minorité musulmane – qui l’a accusé d’avoir rompu les accords de paix.
Le pays a depuis été pris dans un conflit entre les Séléka et les forces d’autodéfense dites « anti-Balaka », qui sont principalement chrétiennes.
Après l’intervention militaire de la France, l’ancien dirigeant colonial du pays, des élections ont eu lieu en 2016 et ont été remportées par le président Faustin-Archange Touadéra, qui se présente actuellement à la réélection.
Mais les combats entre les milices se sont poursuivis et l’ONU a rendu les groupes rebelles responsables de l’instabilité du pays.
M. Bozizé, 74 ans, est rentré en RCA en décembre 2019 après avoir vécu en exil pendant six ans au Bénin, au Cameroun et en République démocratique du Congo.
Il a annoncé en juillet qu’il se présenterait aux élections du 27 décembre – une démarche considérée comme très risquée compte tenu des troubles civils qui perdurent dans le pays, mais pas inattendue.
M. Bozizé a toujours de nombreux partisans, en particulier dans l’armée et parmi le plus grand groupe ethnique du pays, les Gbaya.
Mais il risque des sanctions de l’ONU pour son soutien présumé aux groupes « anti-Balaka » en 2013. Les autorités centrafricaines ont également émis un mandat d’arrêt contre lui pour « crimes contre l’humanité et incitation au génocide ».
Quelle est la menace actuelle ?
Samedi, les trois principaux groupes rebelles ont annoncé qu’ils avaient formé une alliance appelée la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), et ont accusé le président Touadéra d’essayer de truquer les prochaines élections.
Dans une déclaration, le CPC a invité « tous les autres groupes à se joindre » et a appelé ses membres à « respecter scrupuleusement l’intégrité de la population civile ».
Alors que la campagne électorale se réchauffe, Facebook a déclaré en début de semaine avoir identifié des campagnes de désinformation rivales pour influencer le vote – orchestrées par des individus ayant des liens avec l’armée française et l’éminent homme d’affaires russe Evgueniy Prigozhin.
Ces dernières années, Moscou a entretenu des liens étroits avec la RCA. Des conseillers militaires russes sont actuellement stationnés dans le pays pour aider à former les forces gouvernementales.
Les rapports des enquêteurs des Nations unies, de l’armée américaine et des journalistes ont également documenté l’activité dans le pays du groupe Wagner, une entreprise militaire privée qui appartiendrait à M. Prigozhin.