La Côte d’Ivoire devait voter samedi lors d’un scrutin parlementaire, un test clé de la stabilité après des élections présidentielles marquées par la violence l’année dernière.
Aux prises avec une crise politique profonde, le président Alassane Ouattara a offert un rameau d’olivier à son ancien rival, Laurent Gbagbo, dont le parti a maintenant levé un boycott des élections qui durait depuis dix ans.
Son Front populaire ivoirien (FPI) est la force motrice d’une coalition de centre-gauche nommée Ensemble pour la démocratie et la solidarité (EDS).
Plus de 1 500 candidats se disputent les voix d’environ sept millions de personnes dans une course à l’Assemblée nationale de 255 sièges.
Contrairement à l’effusion de sang qui a marqué les élections présidentielles du 31 octobre, la campagne a été aussi pacifique qu’enthousiaste.
Tous les candidats se sont engagés à soutenir des élections pacifiques et ont signé un code de conduite.
« La perspective (d’un taux de participation élevé) favorise des élections pacifiques », a déclaré Adama Bictogo, candidat de la circonscription d’Agboville, près d’Abidjan.
Lors du dernier vote législatif en décembre 2016, le parti RHDP de Ouattara s’est associé au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de centre-droit, remportant la majorité absolue avec 167 sièges.
Mais la crise de l’année dernière a fait voler cet accord en éclats.
De nouvelles alliances
Dans un geste sans précédent, le PDCI a forgé une alliance électorale avec l’EDS, un parti de centre gauche, dont le but déclaré est d’empêcher Ouattara et son parti de « consolider le pouvoir absolu ».
En conséquence, certains commentateurs pensent que ces élections pourraient être les plus ouvertes depuis des années, avec la perspective que les indépendants pourraient détenir le pouvoir.
Le scrutin présidentiel du 31 octobre a été marqué par des violences qui ont fait 87 morts et des centaines de blessés.
Des affrontements ont éclaté au sujet de la candidature de M. Ouattara pour un troisième mandat – un plan qui, selon les critiques, a contourné les limites constitutionnelles.
Le retour au pouvoir du président Ouattara, âgé de 79 ans, s’est fait dans la foulée grâce à un boycott de l’opposition, mais le pays était en crise.
Ouattara a tendu la main à Gbagbo, qu’il a chassé en avril 2011 après une guerre civile post-électorale qui a fait plusieurs milliers de morts et a laissé le pays profondément divisé.
Après son éviction, Gbagbo, 75 ans, a été transféré par avion à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour répondre des accusations de crimes de guerre découlant de ce conflit.
Il a été acquitté en janvier 2019 et vit actuellement à Bruxelles en attendant l’issue de l’appel.
Ouattara, dans son vœu déclaré de sceller la « réconciliation nationale », a délivré à Gbagbo deux passeports, dont l’un est un passeport diplomatique.
Gbagbo avait précédemment déclaré qu’il espérait revenir en décembre mais ses partisans disent maintenant que ce sera à la mi-mars, et ont mis en place un comité pour préparer un accueil spectaculaire.
Un absent notable samedi sera le Premier ministre Hamed Bakayoko, qui cherche à se faire réélire dans le nord de Séguéla.
Il est parti pour la France il y a deux semaines, soi-disant pour des raisons médicales.