Le leader du plus grand parti d’opposition du Bénin et premier candidat féminin à la présidence a été arrêté et est accusé de « planifier l’assassinat de plusieurs personnalités politiques », a déclaré lundi un porte-parole du gouvernement.
La candidature de Reckya Madougou à l’élection présidentielle du 11 avril a été rejetée par la commission électorale jeudi pour n’avoir pas recueilli les signatures de soutien de 16 maires ou députés.
De nombreuses personnalités de l’opposition sont déjà en exil ou exclues du pouvoir au Bénin, un État d’Afrique de l’Ouest qui, selon les critiques, a basculé dans l’autoritarisme sous le président Patrice Talon.
« Des compatriotes qui s’apprêtaient à commettre des crimes ont désigné Reckya Madougou comme leur parrain », a déclaré Alain Orounla, porte-parole du gouvernement du Bénin, aux journalistes.
Madougou, 46 ans, qui est à la tête du parti Les Démocrates, « envisageait d’assassiner plusieurs personnalités politiques », a-t-il ajouté, soulignant qu’il s’agissait d’un « délit de terrorisme très grave ».
Elle a été arrêtée mercredi à Porto-Novo en présence de Joël Aivo, un autre candidat de l’opposition, qui s’était échappé au moment de l’arrestation.
Financement du terrorisme
Elle a été « inculpée pour financement du terrorisme », a déclaré l’avocat Renaud Agbodjo, ajoutant qu’une enquête était ouverte, mais qu’aucun procès n’était « en vue pour le moment ».
Au total, 20 candidats potentiels ont officiellement remis leurs documents pour se présenter à la présidence, mais la commission électorale a déclaré que seuls les trois choisis avaient rempli les conditions requises.
Talon, un magnat du coton, qui a été élu en 2016, a déclaré à l’époque qu’il ne voulait faire qu’un seul mandat, avant de changer d’avis et d’annoncer sa candidature à la mi-janvier pour le vote d’avril.
Il sera confronté à l’ancien ministre Alassane Soumano et à Corentin Kohoue, une figure dissidente de l’opposition.
Par ailleurs, Sébastien Ajavon, l’un des principaux leaders de l’opposition, qui s’est classé troisième lors des dernières élections et qui a été reconnu coupable de trafic de drogue en 2018 et condamné à 20 ans de prison, a été condamné par contumace lundi à cinq ans pour faux et usage de faux.
Ajavon vit actuellement en exil en France, comme de nombreux membres de l’opposition.