La République centrafricaine se prépare à un second tour des élections législatives dimanche, après une recrudescence de la violence rebelle à la suite du scrutin présidentiel de décembre.
Les rebelles se faisant appeler la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) ont lancé des attaques, d’abord pour perturber les élections du 27 décembre, puis pour déstabiliser le gouvernement nouvellement élu du président Faustin Archange Touadera.
Les insurgés, qui, selon les Nations Unies, sont soutenus par l’ancien président François Bozizé, ont tenté de prendre le contrôle du pays sur fond d’allégations d’irrégularités du scrutin.
En janvier, ils ont assiégé la capitale Bangui.
Crise humanitaire
Les Nations unies estiment à 240 000 le nombre de personnes déplacées dans le pays depuis la mi-décembre.
Des centaines de milliers de personnes sont également privées de nourriture de base et de soins de santé. Les principales routes entre la République centrafricaine et le Cameroun étant fermées depuis près de deux mois, les prix ont grimpé en flèche, laissant les familles dans l’incapacité de se procurer de la nourriture.
Les rebelles contrôlent près des deux tiers du pays, ce qui rend difficile l’acheminement de l’aide humanitaire. L’acheminement de l’aide a été interrompu pendant près d’un mois dans certaines zones.
Comment l’instabilité a-t-elle commencé ?
L’instabilité de la République centrafricaine a éclaté en combats à Bangui en 2013, lorsque les rebelles de la Seleka, venus du nord, ont pris le pouvoir du président de l’époque, François Bozize.
Plus tard dans l’année, le gouvernement de la Seleka a été contesté par une milice qui s’est formée en réponse et s’est appelée les anti-balaka. Les combats se sont intensifiés, avec des attaques ciblées qui ont fait des milliers de morts dans la capitale et déplacé des centaines de milliers d’autres.
La coalition rebelle nouvellement formée comprend des groupes armés de l’ex-Seleka et des anti-Balaka.
Le président rebelle de la Seleka a fini par se retirer sous la pression internationale et un gouvernement intérimaire a organisé des élections démocratiques en 2016, que Touadera a remportées.
Les nouvelles violences ont commencé après que les tribunaux ont rejeté la candidature de Bozize au scrutin du 27 décembre. Il était empêché de se présenter en raison d’un mandat d’arrêt pour torture et meurtre.
Six des 14 groupes armés qui contrôlent les deux tiers du pays sont revenus sur le pacte de paix conclu avec le président Touadera à la mi-décembre.
Les six groupes armés ont uni leurs forces et lancé une offensive, jurant de perturber les élections de décembre et de marcher sur la capitale dans ce que le gouvernement a appelé une tentative de coup d’État.
Le 3 janvier, plusieurs centaines d’hommes lourdement armés ont attaqué les troupes gouvernementales à Bangassou. Ils ont également attaqué les forces paramilitaires hautement entraînées de la société de sécurité privée russe Wagner.
Le vote de dimanche sera-t-il pacifique ?
Lors du premier tour et de l’élection présidentielle simultanée de décembre, seule une personne sur trois a pu voter en raison des troubles.
Il n’y aura pas de vote dans les villages contrôlés par le PCC.
Malgré les infractions commises par les rebelles, l’armée centrafricaine a repris plusieurs bastions rebelles.
L’armée du pays est soutenue par les forces rwandaises et russes. Elle est également soutenue par les forces de maintien de la paix des Nations unies.
Depuis 2013, l’ancienne colonie française est déchirée par un conflit et les deux tiers de son territoire sont contrôlés par des milices.
Quels sont les enjeux du vote législatif ?
Face à une opposition divisée et à un parti Kwa Na Kwa dont le leader François Bozizé est accusé de complaisance avec les rebelles, le Mouvement des Cœurs Unis (MCU) du président Touadéra devrait conserver sa majorité au sein des 140 sièges de députés à pourvoir.
Il y aura un second tour dans 49 circonscriptions électorales.
En raison des violences antérieures qui ont interrompu le scrutin, il y aura un premier tour dans 69 circonscriptions.