Le gouvernement tanzanien a promis la prison pour ceux qui feraient courir des rumeurs sur la santé du président. Jusqu’à présent, trois personnes ont été arrêtées.
Cela fait 17 jours ce mardi que le président tanzanien John Magufuli, 61 ans, n’a pas été aperçu en public. Si jusqu’à présent, le gouvernement n’a pas fourni d’informations sur sa localisation, il essaye tant bien que mal de contenir les rumeurs par des arrestations.
« Je pense que quoi qu’il se passe (…) il est évident que le pouvoir tente de gagner du temps. Et tenter gagner du temps n’a de sens que si le président est très malade, en incapacité, ou mort », affirme à l’AFP, Nic Cheeseman, professeur de démocratie à l’université de Birmingham et spécialiste de la région.
Le chef de l’Etat a été vu en public pour la dernière fois le 27 février. Il y a une semaine, le leader de l’opposition Tundu Lissu, en exil en Belgique, s’interrogeait sur l’absence du président, le disant touché par une forme sévère de la Covid-19.
Lundi, il a déclaré sur Twitter que le président « est atteint du Covid, sous assistance respiratoire et paralysé d’un côté, à partir de la taille. Dites aux gens la vérité ! »
La localisation secrète du président
Mardi, Zitto Kabwe, le chef du parti d’opposition ACT-Wazalendo, a assuré savoir « de source sûre que le président est malade » : « Nous devons savoir qui dirige actuellement le gouvernement, avec quels pouvoir constitutionnels », a-t-il déclaré dans un communiqué.
L’une des rumeurs veut que John Magufuli soit hospitalisé au Kenya ou en Inde. Alors que d’autres le disent toujours en Tanzanie. Des journaux kényans ont écrit qu’un « leader africain » est soigné dans un hôpital de Nairobi. Toutefois des sources officielles ont nié la présence de John Magufuli.
D’après Nic Cheeseman, il est « remarquable » que le gouvernement parvienne à garder la localisation du président secrète « dans le monde moderne d’internet, des citoyens-journalistes » et des réseaux sociaux : « Mais la Tanzanie ne vit pas dans ce monde moderne », ajoute-t-il.
Dans le camp du gouvernement tanzanien, on a promis la prison pour ceux qui feraient courir des rumeurs sur la santé du président. Jusqu’à présent, trois personnes ont été arrêtées – une à Dar es Salaam, et deux dans la région du Kilimandjaro, au Nord.
En février, la Tanzanie, qui se disait débarrassé de la Covid-19 grâce aux prières, a connu une vague de décès. Des personnalités bien connues, dont le vice-président de l’archipel de Zanzibar, Seif Sharif Hamad, ont été affectées. Le 19 février, aux obsèques du chef de la fonction publique John Kijazi, dont la cause du décès n’a pas été révélée, John Magufuli a reconnu la présence d’une « maladie respiratoire » sur le territoire.