Les électeurs recevaient 5 000 à 10 000 francs pour aller voter dans des bureaux fictifs, selon Cyr Mayanda, le directeur de campagne de Guy-Brice Parfait Kolélas.
Au Congo-Brazzaville, le premier tour de la présidentielle s’est déroulé ce dimanche 21 mars. Dans la soirée, le pouvoir et l’opposition, on dressait un bilan très différent de cette journée de vote.
Brice Mackosso est le président de la commission justice et paix de la Conférence épiscopale. Ses observateurs n’ont pas été autorisés à surveiller le scrutin. C’est donc en toute légitimité qu’il affirme que « les Congolais ont boudé le vote ».
Pour expliquer cette faible affluence, l’opposant et candidat Mathias Dzon a souligné des « problèmes d’organisation»:« Certains électeurs n’ont pas eu leur carte », d’après lui. D’autres se sont plaints par endroits de ne pas trouver leur nom sur les listes d’électeurs.
Cyr Mayanda, le directeur de campagne de Guy-Brice Parfait Kolélas, qualifie le scrutin de « chaotique » et « catastrophique ». Il garantit qu’à Brazzaville et Pointe-Noire, des dizaines de bureaux de vote n’avaient pas ouvert dans l’après-midi. A cause du manque de listes ou de matériel et que sur le terrain ses délégués ont constaté des « fraudes massives».
«L’odeur de la défaite»
« Vous avez beaucoup de situations à Brazzaville, de bureaux fictifs, dans les sièges de campagne locale du PCT et des partis alliés de la majorité. À Talangaï, les gens recevaient 5 000 à 10 000 francs pour aller voter dans des bureaux fictifs. Dans le village Mbandza-Ndounga, plusieurs de nos délégués n’ont pas pu travailler dans les bureaux de vote et on a procédé à des bourrages d’urnes. Il faut tout annuler. C’est n’importe quoi ! », déplore Cyr Mayanda.
Contrairement à l’opposition, le porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla, parle d’une journée de vote « apaisée » « dans tout le pays » : « Tout cela a l’odeur de la défaite. On essaie de chercher des explications qui n’ont aucun rapport avec la réalité. Il peut y avoir des imperfections, parce qu’une élection n’est jamais parfaite, mais toutes les imperfections ne sont pas de nature à remettre en cause ni la sincérité ni l’authenticité du vote. Quant aux allégations sur des bureaux fictifs, sur des achats de voix, c’est un classique chez certains opposants en Afrique. »