Le dépouillement commence dans un bureau de vote de Brazzaville, après une journée d’élections et la mort du principal candidat de l’opposition, Guy-Brice Parfait Kolelas.
L’élection a été boycottée par l’opposition principale et sous une coupure d’Internet, avec des critiques exprimant des inquiétudes sur la transparence des scrutins considérés comme penchant vers Sassou Nguesso.
« La seule chose que nous avons remarquée, c’est que le candidat… beaucoup de représentants des candidats n’étaient pas là. Mais sinon il y avait toujours deux ou trois absents, deux ou quatre absents, mais en général l’atmosphère était ce que vous voyez jusqu’à présent, il n’y a pas de problème », a déclaré Dileita Mohamed, chef de la mission d’observation de l’Union africaine.
La mort de Kolelas
Le candidat de l’opposition en République du Congo, Guy-Brice Parfait Kolelas, est mort de Covid-19 alors qu’il était transféré en France pour y être soigné, a déclaré lundi son directeur de campagne, au lendemain des élections présidentielles dont il était le principal challenger.
Kolelas était considéré comme le principal rival du leader vétéran Denis Sassou Nguesso, qui devait remporter le scrutin de dimanche.
L’élection a été boycottée par l’opposition principale et sous une coupure d’Internet, les critiques exprimant des inquiétudes quant à la transparence du scrutin, considéré comme favorable à Sassou Nguesso.
Kolelas « est décédé dans l’avion médicalisé venu le chercher à Brazzaville dimanche après-midi », a déclaré à l’AFP son directeur de campagne Christian Cyr Rodrigue Mayanda.
Le sexagénaire a été contrôlé positif au Covid-19 vendredi après-midi, et n’a pas pu tenir son dernier meeting de campagne à Brazzaville.
Samedi, il a posté une vidéo depuis son lit de malade, déclarant qu’il se « battait contre la mort ».
« Levez-vous comme une seule personne […] Je me bats sur mon lit de mort, vous aussi battez-vous pour votre changement », a-t-il exhorté ses partisans, affirmant que l’élection concernait « l’avenir de vos enfants ».
Mayanda a appelé les partisans de Kolelas à se rassembler à 11 heures, heure locale (1000 GMT).
« Nous allons continuer à compter les bulletins de vote. Il était en avance dans un certain nombre de domaines », a-t-il dit.
Atmosphère de paix
Kolelas est arrivé deuxième lors de l’élection présidentielle de 2016, récoltant 15 % des voix selon les résultats officiels.
Il s’était engagé à libérer les deux candidats de ce scrutin condamnés en 2018 à 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », l’ancien général de l’armée Jean-Marie Michel Mokoko et l’ex-ministre André Okombi Salissa.
Il était le seul prétendant sérieux restant face au président dimanche après une série de boycotts, de retraits de candidatures et d’exclusions.
Les résultats provisoires des élections ne sont pas attendus avant plusieurs jours.
Aucun incident majeur n’a été signalé avant la fermeture des bureaux de vote, mais les correspondants de l’AFP ont indiqué que l’accès à Internet et aux médias sociaux, ainsi qu’aux SMS, était coupé.
Dans certaines zones, des électeurs se sont plaints que leur nom ne figurait pas sur la liste électorale.
« La seule incertitude est de savoir quel score M. Sassou va demander à la commission électorale de lui donner », a déclaré le romancier congolais Emmanuel Dongala, contacté par l’AFP à son domicile américain.
M. Sassou Nguesso, 77 ans, ancien parachutiste, a accédé au pouvoir pour la première fois en 1979 et a depuis accumulé 36 ans de mandat, ce qui fait de lui l’un des dirigeants les plus anciens au monde.
S’exprimant après avoir déposé son bulletin de vote, M. Sassou Nguesso a déclaré que « l’atmosphère de paix » qui a régné pendant la campagne électorale – marquée par des mesures de répression policières à l’encontre de l’opposition – était « un bon signe pour notre démocratie ».
Mais lorsqu’il a été interrogé sur la sécurité lors de l’annonce des résultats des élections, un moment qui a déclenché une vague de violence lors du dernier vote en 2016, il a répondu : « Je ne suis pas Dieu ».
Les magasins étaient fermés et seuls des véhicules de sécurité ont été vus dans le centre-ville de Brazzaville pendant le vote.
Le plus grand groupe d’opposition, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale ou UPADS, boycotte le scrutin auquel quelque 2,5 millions de personnes ont le droit de voter.
L’UPADS — la formation de l’ancien président Pascal Lissouba, décédé en France en août dernier — est le seul parti d’opposition à disposer d’un groupe parlementaire dans l’actuelle assemblée nationale.
« Dans l’ensemble, les Congolais ont boudé les urnes », a déclaré le militant des droits de l’homme Brice Makosso. « Les bureaux de vote étaient vides ».
Flanquée de son voisin géant, la République démocratique du Congo, ainsi que du Gabon, l’ancienne colonie française dispose d’abondantes réserves de pétrole et la majeure partie de son budget provient des revenus pétroliers.
Guerre civile
Mais son économie est en plein marasme, victime de l’effondrement des cours mondiaux du brut, d’une dette de longue date, de la pandémie et d’une réputation de corruption.
Sassou Nguesso a fait campagne sur le développement agricole et s’est présenté comme un défenseur de la jeunesse congolaise – l’âge moyen de la population de cinq millions d’habitants n’est que de 19 ans, selon les chiffres de l’ONU.
Arrivé au pouvoir en 1979, Sassou Nguesso a été contraint d’introduire des élections multipartites en 1991 et a été battu dans les urnes un an plus tard.
Mais il est revenu au pouvoir en 1997 après une guerre civile prolongée.
Il a remporté toutes les élections depuis, que l’opposition a le plus souvent qualifiées de frauduleuses.
Un amendement constitutionnel en 2015, qui a mis fin à l’interdiction des candidats présidentiels âgés de plus de 70 ans et supprimé la limite de deux mandats, lui a permis de se représenter en 2016.