Des soldats érythréens ont tué plus de 100 civils dans la ville d’Aksum, dans le Tigré, en novembre de l’année dernière, a déclaré la Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC) dans un rapport publié mercredi.
Le groupe indépendant de défense des droits a mené une enquête distincte à la suite des rapports de Human Rights Watch et d’Amnesty International sur les meurtres perpétrés dans cette ville, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Les informations recueillies au cours de cette enquête préliminaire confirment qu’au cours des deux journées du 28 et 29 novembre, de graves violations des droits de l’homme ont été commises et qu’à Axum, plus d’une centaine d’habitants (…) ont été tués par des soldats érythréens », a déclaré la commission.
« Ces graves violations des droits de l’homme pouvant s’apparenter à des crimes contre l’humanité ou à des crimes de guerre, elles soulignent la nécessité d’une enquête approfondie sur la situation générale des droits de l’homme dans la région du Tigré. »
Ce nouveau rapport intervient un jour après que le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a admis pour la première fois que des troupes érythréennes voisines avaient pénétré dans le Tigré et indiqué qu’elles avaient pu être impliquées dans des exactions contre des civils.
L’EHCR a parlé à des dizaines de témoins qui ont rapporté que les forces érythréennes ont tiré sur des civils non armés et ont même tiré sur ceux qui ont essayé de déplacer les corps. Certains des cadavres ont été laissés dans les rues pendant des jours.
Le rapport mentionne un cas où des soldats érythréens sont entrés dans la maison d’un homme de 70 ans et l’ont « traîné dehors » avec ses deux fils. Un témoin oculaire a déclaré qu’ils avaient tous trois été abattus.
« Les soldats érythréens ont fait du porte-à-porte pour demander aux femmes « où étaient leurs maris ou leurs enfants », en leur disant « de faire sortir leurs fils s’ils en ont », indique le rapport.
De nombreuses autres personnes ont été blessées par les soldats, selon le rapport, et ont été emmenées à l’hôpital. Mais un traitement inadéquat a entraîné leur mort. Le rapport indique que les hôpitaux n’étaient pas préparés en raison du pillage de médicaments et de produits pharmaceutiques par les soldats érythréens et éthiopiens.
Le rapport indique qu’une femme enceinte en travail a perdu beaucoup de sang et est décédée parce qu' »il n’y avait pas assez de professionnels de la santé et qu’elle n’a pas pu recevoir le traitement dont elle avait besoin ». Deux autres femmes, amenées dans une ville voisine pour y être soignées après avoir été blessées par l’artillerie lourde, sont mortes pour des raisons similaires.
Le dirigeant éthiopien a lancé une offensive militaire dans le Tigré le 4 novembre après avoir accusé le parti au pouvoir dans cette région du nord, le TPLF, d’attaques contre ses camps militaires.
Il a déclaré un mois plus tard que les combats étaient terminés, mais les informations faisant état de meurtres, de pillages et de viols commis par les forces éthiopiennes et érythréennes ont suscité des demandes d’enquête.