Amadé Ouéréni, un ancien trafiquant des montagnes de l’ouest, aurait aidé les ex-rebelles lors de la conquête de cette région en 2011.
Le massacre de Duékoué s’est déroulé il y a dix ans, pratiquement jour pour jour (le 29 mars 2011). Alors que le pays est confronté à une violente crise post-électorale, les milices pro-Ouattara prennent Duékoué, dans l’ouest du pays. La ville devient la scène d’un massacre qui cause plus de 800 morts selon le Comité international de la Croix-Rouge.
Depuis mercredi 24 mars, un homme est jugé par le tribunal criminel d’Abidjan. Amadé Ouéréni, un ancien trafiquant des montagnes de l’ouest, aurait aidé les ex-rebelles lors de la conquête de cette région en 2011. Arrêté en 2013, il est accusé d’être l’un des artisans de ce massacre de Duékoué.
C’est un homme maigre, claquettes aux pieds et habillé d’un polo élimé qui se présente devant le juge. Amadé Ouérémi est attentif aux chefs d’accusation. Il y en a une vingtaine : « génocide », « crimes de guerre » en passant par « assassinat », « viol », « attentat » ou « extorsion »…
Ensuite, le greffier lit en deux heures une longue liste de témoignages retraçant la sauvagerie de ces violences de fin mars 2011 : les exécutions sommaires d’hommes, de vieillards et de garçons, les femmes et les filles violées, les maisons pillées et incendiées… Amadé Ouérémi est accusé d’avoir pris part activement à ces tueries avec ses hommes.
« Mais qui a tué ces 817 personnes en une journée ? »
Débute après l’interrogatoire du président. Amadé Ouérémi essaye d’expliquer qu’il était sous les ordres d’un chef rebelle, le lieutenant Coulibaly, appelé Coul. Pour autant, il se défend d’avoir participé aux massacres.
« J’étais au village de Blodi. Je chargeais les munitions. Je ne suis arrivé que le lendemain de la libération de Duékoué, à 16 heures », raconte-t-il dans un français approximatif.
Pendant tous les débats, Amadé Ouérémi se pose en petite main, sans homme sous ses ordres. Il défend cependant l’opération contre le quartier Carrefour, qui d’après lui visait des miliciens pro-Gbagbo.
« Mais qui a tué ces 817 personnes en une journée ? », répète constamment le président. « C’est la guerre ! » réplique une première fois l’accusé, qui indiquera plus tard aussi les chasseurs dozos. Une dizaine de témoins ont fait le déplacement de Duékoué pour ce procès. Ils attendront jeudi.