Des Rwandais visitant le Mémorial du génocide de Kigali réagissent à la publication, vendredi, d’un rapport sur le rôle de la France dans le génocide de 1994 perpétré contre l’ethnie Tutsi dans leur pays.
Le rapport, basé sur des recherches menées par l’historien Vincent Duclert, conclut à un « échec » de la part de la France sous l’ancien dirigeant François Mitterrand.
Jean Dushimimana, un visiteur du musée, semble avoir des sentiments mitigés.
« Il n’y a rien que les Français puissent faire pour rembourser ce qu’ils ont fait (lors du génocide) mais ce que je dirais, c’est qu’ils pourraient peut-être faire quelque chose pour les victimes et les survivants qui souffrent encore des effets du génocide pour les aider à améliorer leur vie. »
Paul Habumugisha, un autre visiteur du musée, semble un peu plus positif au sujet du rapport.
« Nous avions peur d’aller en France pour suivre toutes les activités de la France parce qu’ils ont ignoré ce qu’ils ont fait pour participer au génocide, mais maintenant s’ils l’acceptent, cela signifie que la France va être notre amie. »
Bien que le rapport indique que la France porte une responsabilité écrasante dans le génocide, il affirme qu’il n’y a aucune preuve que Paris ait été complice du massacre d’environ 800 000 personnes – principalement de la minorité Tusi.
John Ruku-Rwabyoma, membre du Parlement (MP) du Front patriotique rwandais (FPR), estime qu’après tout ce temps écoulé, il s’agit enfin d’une bonne avancée.
« Cela aurait été encore bien mieux si la France était sortie ouvertement et avait donné toute l’histoire telle qu’elle était. Cela dit, de voir ce qui est sorti aujourd’hui, comme je l’ai dit, c’est un pas positif dans la bonne direction. »
Le ministère rwandais des Affaires étrangères a déclaré que les résultats de la propre enquête du pays, commandée en 2017, seraient publiés dans les semaines à venir pour compléter et enrichir ce dernier rapport.
Ruku-Rwabyoma souhaite que toute la vérité sur le rôle de la France dans le génocide soit enfin connue et sincèrement entendue.
« Le rapport manque encore, parce que nous avons toute l’histoire, nous connaissons toute l’histoire. Et j’attends avec impatience le rapport qui sera donné par le gouvernement rwandais qui a été commandé en 2017. Je suis sûr qu’il contiendra plus de faits qui n’ont pas vraiment été explorés dans le rapport français. »
« Relation personnelle »
Ancien rebelle tutsi et président rwandais depuis l’an 2000, Paul Kagame a maintenu pendant des décennies le rôle de la France dans le génocide et seul le temps dira si les relations entre les deux pays – suite à ce rapport, s’amélioreront.
Macron, qui a ordonné la création de la commission en mai 2019, a salué le rapport comme marquant un « progrès considérable » dans la compréhension du rôle de la France au Rwanda de 1990 à 1994.
L’Élysée a dit espérer que le rapport marque un processus de réconciliation « irréversible » entre la France et le Rwanda, où Macron a dit vouloir se rendre cette année.
Le rapport produit vendredi par une commission historique mise en place par le président français Emmanuel Macron affirme que la France a été « aveugle » aux préparatifs des massacres.
Ce rapport intervient après des années d’accusations selon lesquelles la France n’a pas fait assez pour arrêter les massacres et a même été complice des crimes.
Le Rwanda a salué ce rapport comme « une étape importante vers une compréhension commune du rôle de la France dans le génocide contre les Tutsis ».
Des vérités qui dérangent
Le génocide, qui s’est déroulé entre avril et juillet 1994, a commencé après que le président hutu du Rwanda, Juvénal Habyarimana, avec lequel Paris avait entretenu des liens étroits, a été tué lorsque son avion a été abattu au-dessus de Kigali le 6 avril.
« La France est-elle complice du génocide des Tutsis ? Si l’on entend par là une volonté de se joindre à une opération génocidaire, rien dans les archives examinées ne le démontre », indiquent les conclusions du rapport.
« Pourtant, pendant longtemps, la France a été associée à un régime qui encourageait les massacres racistes…. Elle est restée aveugle à la préparation du génocide par les éléments les plus radicaux de ce régime. »
Il reproche aux autorités françaises sous Mitterrand d’avoir adopté une « vision binaire » qui opposait Habyarimana en tant qu' »allié hutu » à un « ennemi » des forces tutsies soutenues par l’Ouganda, puis de n’avoir proposé une intervention militaire que « tardivement », lorsqu’il était trop tard pour arrêter le génocide.
« La recherche établit donc un ensemble de responsabilités, à la fois sérieuses et écrasantes », a-t-elle déclaré.
La France a notamment dirigé l’opération Turquoise, une intervention militaro-humanitaire lancée sous mandat de l’ONU en juin 1994. Ses détracteurs estiment qu’elle visait en réalité à soutenir le gouvernement génocidaire hutu.
Par ailleurs, des accusations répétées ont été formulées selon lesquelles les autorités parisiennes auraient aidé des suspects du génocide rwandais à s’échapper alors qu’ils étaient sous protection militaire française.
Le rapport conclut qu’en juillet 1994, « des meurtriers mais aussi les cerveaux du génocide » se trouvaient dans une zone de sécurité établie par les forces françaises dans l’ouest du pays « que les autorités politiques françaises ont refusé d’arrêter ».
Le rapport parle de décideurs français prisonniers d’une pensée « post-coloniale » qui ont soutenu le régime « raciste, corrompu et violent » d’Habyarimana alors qu’il faisait face à une rébellion tutsi que beaucoup considéraient comme dirigée depuis l’Ouganda anglophone.
Après avoir pris connaissance de ce rapport, il difficile d’affirmer que la France nait pas été complice considérant la capacité de pénétration des agents de renseignement dans les anciennes colonies françaises. En cas qui garde silence face à une déliquescence humaine consent. La
France doit se racheter pour sauver son image suffisamment laminée dans les pays africains noirs qui sont comptés parmi les pays les plus pauvres du monde. La France n’a jamais prôné la simple démocratie en Afrique. Elle a, depuis la colonisation, développé une politique d’exploitation à outrance du continent. Vivement qu’elle change car la jeune génération a pris conscience et n’acceptera plus cette dictature à peine voilée. A bon entendeur salu.