Le président de la République Paul Biya aurait autorisé que soit lancé le processus de refinancement de l’eurobond de 750 millions $ émis en novembre 2015.
Ce qui n’était qu’une rumeur tant à se confirmer. Le Cameroun a formellement choisi de refinancer une partie de sa dette extérieure. S’éloignant du bénéfice du nouveau cadre d’allègement de remboursement de dettes des pays pauvres, initié par le G20 (20 pays les plus riches plus l’UE), au profit des pays pauvres.
Selon le journal Ecomatin, qui cite une lettre du Secrétaire Général de la Présidence, le président de la République Paul Biya aurait autorisé que soit lancé le processus de refinancement de l’eurobond de 450 milliards de FCFA, soit 750 millions $ émis en novembre 2015.
Or, une des conditions pour postuler au bénéfice de l’allègement du service de la dette du G20, est celle de ne pas contracter de nouveaux emprunts commerciaux. Les enjeux pour le Cameroun étaient nombreux et les arbitrages complexes. Puisque négocier le nouveau cadre d’allègement du service de la dette du G20 ne garantit pas que le gain de trésorerie sera pertinent.
L’année dernière, la première mesure a permis au pays de bénéficier de 124 milliards de FCA de report sur le service de la dette d’après la Caisse Autonome d’Amortissement. Ainsi que de 118 milliards de FCFA, selon Moody’s.
La pression sur les liquidités extérieures
Mais dès 2023, il faudra débuter le remboursement de cette somme. Toujours est-il, il a fallu arbitrer entre 450 milliards à gagner immédiatement, contre 280 milliards de FCFA de service de la dette bilatérale, susceptible de faire l’objet de report.
Refinancer l’eurobond permet de soulager la pression sur les liquidités extérieures du Cameroun. Mieux que l’initiative du G20 sous sa forme actuelle. Le pays suivrait l’exemple de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne qui ont renoncé à cette initiative, à l’instar de la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Le second enjeu de cette opération de refinancement, est que le Cameroun, en plus de repousser ses délais de remboursement, peut réduire le coût de sa dette. Présentement, il paie un taux d’intérêt de 9,5% sur son eurobond. Mais sur la Bourse de Dublin, en Irlande, où les titres de cette obligation sont cotés, on constate que juste avant la crise de Covid-19, les investisseurs étaient prêts à accepter un rendement de 6,5%.