Le président djiboutien Ismail Omar Guelleh a remporté samedi un cinquième mandat de cinq ans à l’issue d’un scrutin boycotté par la majeure partie de l’opposition, obtenant plus de 97% des suffrages exprimés, selon les données officielles du ministère de l’Intérieur samedi.
Le vote de vendredi n’a opposé qu’un seul challenger au président sortant, le relativement nouveau venu Zakaria Ismail Farah. Les données du ministère de l’intérieur montrent qu’il est arrivé en deuxième position avec 2,48 % des 177 391 voix exprimées. Quelque 5 447 bulletins ont été déclarés nuls.
Farah a déclaré que les résultats étaient « loin de la réalité ».
« Ce résultat est sans aucun doute le fruit d’un bourrage d’urnes, (qui) s’est produit en l’absence de mes délégués », a-t-il déclaré à Reuters, ajoutant qu’on leur avait interdit l’accès aux bureaux de vote pour surveiller le processus.
Alexis Mohamed, le conseiller principal du président, a nié les allégations de fraude et a déclaré que Farah s’était abstenu de voter.
« Les allégations de bourrage d’urnes sont absolument fausses, le monsieur qui les soulève n’a même pas voté et, ce faisant, a attaqué notre démocratie », a déclaré Mohamed à Reuters par téléphone.
Farah a déclaré à Reuters dans un SMS qu’il s’était abstenu de voter car il avait été victime d’actes de violence depuis le début de sa campagne jusqu’au jour du scrutin.
Ce pays de la Corne de l’Afrique, qui compte moins d’un million d’habitants, est relativement stable, notamment par rapport à ses voisins régionaux que sont la Somalie, l’Éthiopie et l’Érythrée.
Il accueille des bases militaires américaines, chinoises et françaises et se trouve le long de l’une des routes commerciales les plus fréquentées du monde, le golfe d’Aden, ce qui en fait un poste stratégique.
Félicitations des voisins
Les dirigeants de l’Éthiopie et de la Somalie ont félicité Guelleh pour sa victoire.
L’un des plus anciens dirigeants au pouvoir en Afrique, M. Guelleh, 73 ans, est au pouvoir depuis 1999, date à laquelle il a été choisi par son oncle Hassan Gouled Aptidon, le premier président du pays après son indépendance de la France en 1977.
Il a remporté les deux dernières élections, en 2016 et 2011, de manière décisive. Certains partis d’opposition ont également boycotté ces scrutins.
En 2010, son gouvernement a modifié la constitution sur la limite des mandats présidentiels, lui permettant de se présenter plus de deux fois, bien qu’une limite d’âge de 75 ans ait été insérée, ce qui signifie que ce mandat est censé être son dernier.
L’année dernière, les forces de sécurité ont réprimé les rares manifestations antigouvernementales qui ont éclaté après l’arrestation d’un ancien pilote de l’armée de l’air qui avait dénoncé la corruption et la discrimination fondée sur le clan.