Pour les victimes de celui qui purge une peine de prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité, cette demande est inacceptable.
L’ancien président Hissène Habré, condamné à la prison à vie pour crimes contre l’humanité à Dakar en 2017, a demandé l’autorisation de sortir de prison pour six mois pour des raisons de santé.
Si cette permission est accordée, l’ex chef d’État pourrait être libéré demain mardi 13 avril, pour le ramadan. Mais pour les victimes de celui qui purge une peine de prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité, cette demande est inacceptable.
Selon Assane Dioma Ndiaye, le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme, les victimes de la répression menée par l’ancien chef d’État tchadien « ne comprennent jamais et ne toléreront jamais une éventuelle libération, même temporaire ».
« Les victimes ne comprennent pas cette attention singulière ou discriminatoire, selon qu’il s’agisse de monsieur Hissène Habré ou des victimes. Et elles, personne ne semble s’occuper de leur sort : elles ne sont pas indemnisées depuis le procès, ces victimes sont laissées pour compte. Vous comprenez, quand celui qui est considéré comme votre bourreau, qui a été condamné, l’Union africaine n’en fait rien et les avocats de monsieur Habré parviennent de temps en temps à avoir ces sortes de libération. », déplore-t-il.
La colère des victimes
« Elles peuvent s’expliquer pour des raisons humanitaires, mais cette considération ne doit pas être sélective : on doit aussi savoir qu’il y a des victimes qui aujourd’hui meurent de jour en jour. Et donc c’est pourquoi les victimes ne comprennent jamais et ne toléreront jamais une éventuelle libération, même temporaire », renchérit Assane Dioma Ndiaye.
L’ancien président Hissène Habré, à la tête du Tchad de 1982 en 1990, a mené une répression qui a fait 40 000 morts, d’après une commission d’enquête tchadienne. Après le départ forcé d’Hissène Habré du pouvoir, on découvrait alors les atrocités de son régime qui a duré près de huit ans avec des victimes à la pelle. Quelques 40 000 morts, selon une commission d’enquête diligentée par les nouvelles autorités.
À cette époque, de nombreuses personnes détenues illégalement ont retrouvé la liberté. Certains de ces prisonniers sortis des geôles d’Hissène Habré se souviennent. C’est le cas de Mahamat Moussa qui avait 21 ans en 1990.