Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), a quitté depuis le 11 avril la frontière libyenne pour progresser en territoire en direction de N’Djamena.
Les combats ont éclaté au Tchad le 11 avril 2021. Plusieurs colonnes du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) étaient descendues de la frontière libyenne et avaient progressé en territoire tchadien en direction de N’Djamena. Le 17 avril, le président tchadien s’est donc rendu sur le front des combats qui opposaient ses troupes à celles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT). Il y succombera, d’une blessure par balle. Son décès sera annoncé dans la matinée du 20 avril.
Les combats avaient lieu dans le nord du Kanem, à environ 300 kilomètres de la capitale. Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) y avait pénétré le 17 avril et l’armée y avait envoyé des renforts terrestres pour couper aux insurgés la route de Mao, stratégique pour descendre vers le Sud, tandis que l’allié français fournissait des renseignements grâce au survol de son aviation basée au Tchad.
Qui est derrière la mort du Maréchal ?
Mahamat Mahdi Ali, le leader du FACT, a conduit ses troupes au Kanem où d’échanges tirs ont été enregistrés des deux camps. Selon Jeune Afrique, les colonnes du FACT au Kanem se sont toutefois disloquées lors des dernières attaques de l’armée dimanche 18 et lundi 19 avril. Certains des rebelles ont fui vers l’ouest et le Niger, d’autres vers le Tibesti.Le FACT, qui a perdu une partie de ses troupes et de son matériel, s’est donc replié dans le Nord. Il dispose toutefois d’une base dans les environs de Tanoua, dans ce que les Libyens appellent la « bande d’Aozou ». Il a également plusieurs positions de repli en territoire libyen, dans les montagnes du Djebel as-Sawda.
Fondé en avril 2016, le FACT aurait également eu accès à d’autres bases d’entraînement, notamment dans la région libyenne du Fezzan, dont les positions sont aujourd’hui en grande partie contrôlées par les mercenaires de l’entreprise russe Wagner. Selon plusieurs experts, le groupe rebelle tchadien disposerait de 1 000 à 1 500 combattants.
« Coup de poker »
« Pour Mahamat Mahdi Ali, le chef du FACT, l’attaque dans le Kanem était un coup de poker mais aussi un symbole. D’un côté, il a voulu prendre de vitesse le régime, qu’il pensait focalisé sur N’Djamena et les résultats de la présidentielle [proclamés le 19 avril au soir]. De l’autre, c’est sa région d’origine et il a voulu montrer qu’il y bénéficiait de soutiens », expliquait une source sécuritaire à Jeune Afrique, juste avant l’annonce du décès de Déby Itno. « Ce que [voulait] éviter le président, c’est un regroupement des rebelles goranes qui ont combattu ces dernières années en Libye », ajoutait un diplomate.
Le FACT est en effet une scission de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) de Mahamat Nouri. Il est également proche du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR, qui a attaqué le Tchad en 2019 et qui est dirigé par Mahamat Hassane Boulmaye). Mahamat Mahdi Ali est lui-même originaire de Salal (dans le Bahr el Gazal). C’est un Sagarda, un membre de la communauté gorane du Kanem.
« Idriss Déby Itno [savait] depuis des années que le principal risque pour lui [venait] du sud libyen, où la plupart des groupes rebelles ont combattu », précise un expert basé à N’Djamena. L’UFDD, le CCMSR et le FACT ont en effet tous trois opéré en Libye, le dernier ayant surtout apporté son soutien aux milices de Misrata dans leurs combats contre l’État islamique, mais aussi contre l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar. Le FACT aurait notamment participé à des attaques contre des positions de l’ANL à Ras Lanouf et Sidra (terminaux pétroliers) ou Tamenhint (base aérienne). Ses installations ont d’ailleurs été bombardées à plusieurs reprises par l’ANL, en particulier dans le Djebel as-Sawda en décembre 2016.