Dans une interview considérée par son entourage comme le résultat de la violence physique, le jeune journaliste dit regretter ses activités politiques passées…
La télévision d’État biélorusse diffuse de nouvelles images de Roman Protassevitch, le jeune journaliste arrêté le mois dernier après le déroutement sur Minsk de l’avion de ligne à bord duquel il voyageait.
Pendant plus d’une heure et demie, il critique l’opposition biélorusse. Mais surtout, dit regretter ses activités politiques passées. Un entretien considéré par son entourage comme le résultat de la violence physique et psychologique exercée contre le jeune homme.
Sur la forme, tout s’apparente à un entretien ordinaire. À la fin de l’interview, le jeune homme est en larmes et lève les mains pour se cacher le visage : on discerne alors, sommairement, les marques des menottes sur ses poignets.
Ce détail permet de voir qu’en réalité cet entretien n’a rien de normal. Interrogé par l’AFP, le père du jeune journaliste déclare, pour sa part, que ces images et les aveux de son fils sont le résultat de « violences, de tortures et de menaces ».
Au cours de l’interview, Roman Protassevitch avoue non seulement les faits qui lui sont reprochés-avoir suscité des troubles politiques à l’été 2020-mais il critique également l’opposition et vante Alexandre Loukachenko, le président biélorusse.
Des aveux obtenus sous la contrainte
Le régime biélorusse est habitué à ces enregistrements et ces aveux obtenus sous la contrainte. Mais il n’avait jamais, jusqu’à nos jours, poussé l’exercice jusqu’à ce niveau de comédie.
L’un des conseillers de la dirigeante de l’opposition en exil Svetlana Tikhanovskaya, cité par le site russe Meduza, Franak Viachorka, affirme que cette interview est une confession obtenue « le revolver sur la tempe ».
En fait, les images du jeune journaliste en larmes sous le regard pseudo-compatissant de Marat Markov, le directeur de la télévision publique biélorusse, sont touchantes. Puisqu’elles en disent bien plus sur la pression exercée par les autorités au cours des derniers jours que sur les regrets apparents exprimés par le jeune homme.