Des femmes signataires d’une lettre envoyée au FMI exigent que l’institution financière pose des conditions à l’Etat camerounais avant tout autre prêt.
Dans une lettre ouverte adressée à Kristalina Georgiva, directrice générale du FMI, 19 femmes, notamment des figures politique et de la société civile, demandent à l’institution financière de ne pas accorder de nouveau prêt à l’Etat. Du moins sans que toute la lumière et la transparence soient faites dans l’affaire baptisée par la presse « Covidgate ».
En effet, un rapport de la Chambre des comptes de la Cour suprême du Cameroun qui remonte au mois de mars dernier, a dévoilé que des milliards de francs CFA prêtés par le FMI l’année dernière et affectés à la lutte contre la pandémie de coronavirus auraient été détournés. Plusieurs ministères seraient concernés par ses malversations financières.
A l’origine, l’argent devait servir à acheter des médicaments, des masques, des kits de dépistages du Covid-19 ou encore des ambulances. En résumé, soutenir un système de santé fragile mais également une économie fortement impactée par la pandémie.
L’avocate et militante des droits de l’homme Alice Nkom, est choquée par des révélations de détournements de ces fonds : « Ce rapport fait état de dépenses vingt fois supérieures aux provisions, pour de multiples lignes budgétaires, de sur-tarification du double au quintuple, des contrats attribués à des fournisseurs non-agréés et à des fournisseurs ayant des liens familiaux avec des personnels du ministère. Alors on veut savoir ce qu’il s’est passé. », commente-t-elle au micro de RFI.
Un audit impartial
Alors que le Conseil d’administration du FMI va se retrouver en juin pour examiner une nouvelle demande de prêt de la part du Cameroun, l’activiste, comme les autres femmes signataires de la lettre envoyée au FMI exigent que des conditions soient posées.
« Nous demandons au Fonds monétaire d’ordonner un audit impartial, indépendant et nous demandons qu’on enquête, qu’on instruise et qu’on nous dise exactement ce qu’il s’est passé. Et que les coupables soient punis. Nous ne voulons pas que le prochain décaissement retombe entre les mêmes mains. », affirme Me Alice Nkom.
Dans le camp du gouvernement, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, rappelle qu’une enquête judiciaire est en cours et que « des membres du gouvernement et d’autres personnalités sont appelées à rendre des comptes ». Il demande le « respect de la présomption d’innocence » et « regrette un emballement médiatique » autour de cette affaire.