Plus de 7 000 soldats éthiopiens capturés par les forces de défense du Tigré ont été présentés dans une vidéo rare qui les montre marchant vers le centre de réhabilitation de Mekele, dans la capitale de la région éthiopienne du Tigré.
Selon les forces de défense du Tigré (TDF), les soldats éthiopiens captifs ont marché pendant quatre jours depuis Abdi Eshir, à environ 75 km au sud-ouest de Mekele, la capitale du Tigré éthiopien.
Les rebelles sont entrés dans la ville cette semaine après le retrait des autorités locales et des troupes du gouvernement fédéral. Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed a depuis déclaré un cessez-le-feu unilatéral.
Des célébrations ont éclaté dans les rues de Mekele cette semaine lorsque les combattants rebelles ont pris le contrôle de la ville, un moment charnière dans un conflit brutal de huit mois. Des foules d’habitants en liesse brandissant le drapeau rouge et jaune du Tigré ont acclamé, applaudi et dansé à Mekele pour accueillir les soldats de la Tigray Defence Force (TDF) de retour au pays.
Les partisans ont porté les combattants victorieux de la TDF, hommes et femmes, au son des klaxons de voitures et de motos, tandis que des femmes rayonnantes embrassaient leurs compagnons de retour.
Les habitants du quartier se pressent dans les rues pour voir les rebelles passer à pied ou s’entasser dans des camions, certains tendant la main pour les toucher depuis des bus qui passent.
On était loin de l’atmosphère qui régnait à Mekele sous les forces fédérales, qui avaient imposé un couvre-feu strict, laissant les rues habituellement animées de la ville dans un silence total.
« Tout le monde est sorti de chez lui. Tout le monde est excité et il y a de la musique dans les rues », a déclaré à l’AFP un habitant de Mekele alors que les premiers combattants de la TDF arrivaient. « Tout le monde a sorti ses drapeaux et la musique joue. Tout le monde, je ne sais pas comment ils l’ont eu, mais tout le monde a des feux d’artifice ».
Depuis sa marche sur Mekele, la TDF a pris le contrôle d’un plus grand nombre de territoires dans le Tigré, la région la plus septentrionale de l’Éthiopie, et a juré de chasser tous ses « ennemis » – les soldats fédéraux et leurs alliés, notamment de l’Érythrée voisine et de la région éthiopienne d’Amhara.
Le gouvernement d’Addis-Abeba a pour sa part appelé les rebelles à adhérer à son cessez-le-feu unilatéral, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères ayant déclaré jeudi qu' »il faut être deux pour danser le tango ».
Mais les craintes s’intensifient quant au sort des centaines de milliers de personnes de la région qui souffrent de la famine, deux routes d’accès essentielles ayant été détruites cette semaine.
Bien que Mekele s’en sorte sans aucun doute mieux que les régions plus éloignées du Tigré, la ville porte toujours les cicatrices d’un conflit marqué par la souffrance des civils.
De nombreuses écoles de la ville ont servi de camps pour les personnes déplacées. Les services pédiatriques regorgent d’enfants qui soignent des blessures par balles ou par éclats d’obus, et dont certains ont perdu des membres.
Et certaines femmes marchent dans les rues en portant