Le président de Guinée Alpha Condé s’est exprimé dans une interview exclusive avec Africanews Nathalie Wakam en janvier 2020. Dans cette interview, M. Condé a justifié la nécessité d’une révision de la constitution de son pays, dont les changements ultérieurs lui ont permis de briguer un troisième mandat controversé en 2020. Il a été déclaré vainqueur des élections lors d’un glissement de terrain en octobre et a prêté serment en décembre.
Lors de sa prestation de serment, l’homme de 82 ans a lancé un appel à l’unité en appelant les Guinéens à « oublier le passé » et à se tourner vers « un avenir uni ». Mais cet appel ne semble pas avoir été entendu.
Dimanche 5 septembre, après des tirs nourris autour du palais présidentiel de Condé, le leader guinéen a été arrêté par des militaires qui ont annoncé une prise de pouvoir.
Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, l’officier de haut rang à l’origine du coup d’État militaire, a promis le lendemain (lundi) de mettre en place un gouvernement d’union pour superviser une période de transition et a juré qu’il n’y aurait pas de « chasse aux sorcières » contre l’ancien gouvernement.
« Une consultation sera lancée pour fixer les grands paramètres de la transition, puis un gouvernement d’union nationale sera mis en place pour piloter la transition », a déclaré le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya dans un discours, mais il n’a pas précisé combien de temps le consultation ou la passation durerait.
Le coup d’État a été condamné par les groupes régionaux d’Ecowas, de l’UA et aussi de l’ONU. Mais de nombreux Guinéens sont descendus dans la rue après un certain calme dimanche soir pour célébrer l’éviction d’Alpha Condé du pouvoir.
La population avait été largement frustrée par le changement constitutionnel de l’année dernière qui a permis à Condé de briguer un troisième mandat. Les manifestations qui en ont résulté ont fait au moins 92 morts et plusieurs arrestations selon un groupe d’opposition de premier plan, la coalition anti-Condé FNDC.
Le colonel Mamady Dumbaya, qui a organisé le coup d’État, dirige l’unité des forces spéciales guinéennes. Il a déclaré que ses soldats avaient pris le pouvoir parce qu’ils voulaient « mettre fin à la corruption et à la mauvaise gestion généralisées ».
Mais il s’agit d’un revers dramatique pour la nation ouest-africaine où beaucoup espéraient que le pays avait tourné la page des prises de pouvoir militaires.
La Guinée suit désormais des pays comme le Zimbabwe, le Mali et le Soudan où l’armée a directement participé au limogeage des gouvernements démocratiques dirigés par des civils.
Condé, ancien opposant historique a été élu en 2010, premier président démocrate de l’ancienne colonie française
Dix ans plus tard, sa réputation d’opposant intransigeant, longtemps exilé puis emprisonné sous le régime militaire de Lansana Conté (1984-2008), est entachée d’accusations selon lesquelles il aurait plongé son pays dans la crise pour s’y accrocher. au pouvoir. Condé conteste cette affirmation.
Lors de la campagne pour sa réélection en octobre 2020. Il a rappelé à ses partisans et détracteurs comment il s’est battu pendant 45 ans. « J’étais un opposant, mes opposants sont des fonctionnaires qui sont devenus premiers ministres après avoir fait tomber le pays. C’est extraordinaire que je sois considéré comme un dictateur anti-démocratique ! a-t-il lancé.