La justice camerounaise vient de prononcer une condamnation contre l’un des auteurs d’une violente agression subie par une personne intersexe. Une première dans la lutte contre les violences faites aux personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexuées) dans le pays.
La semaine dernière, une peine de six mois de prison assortie d’une amende de 650 000 francs CFA (environ 1 000 euros) a été prononcée contre l’un des agresseurs de Sara, une personne intersexe [née avec des parties génitales ni spécifiquement masculines, ni spécifiquement féminines, ndlr].
Selon le communiqué de l’ONG Human Rights Watch, le 15 novembre dernier, « une foule violente avait agressé sexuellement, roué de coups, menacé et humilié Sara (pseudonyme), âgée de 27 ans, alors que d’autres filmaient la scène dans deux vidéos horribles qui ont circulé sur les réseaux sociaux ».
Une étape notable
Cette condamnation est une étape notable vers la reconnaissance des droits des personnes LGBTI au Cameroun, estime la chercheuse de HRW, Ilaria Allegrozzi. « Il s’agit d’une décision sans précédent dans la mesure où elle reconnaît que les personnes LGBTI au Cameroun ont des droits fondamentaux. Déjà il faut dire qu’avant le verdict, dans un geste très encourageant, la police avait donné suite à la plainte déposée par une organisation de défense des droits humains des personnes LGBTI. Ensuite, il faut aussi rappeler que le ministre de la Communication s’était exprimé publiquement sur la violence à l’encontre des personnes LGBTI et avait condamné ces violences. Donc, cela laisse espérer que cette décision de justice reflète la reconnaissance grandissante des droits fondamentaux des personnes LGBTI, y compris le droit d’être protégés de la violence. »
« Beaucoup reste à faire encore »
Même si « beaucoup reste à faire encore, rappelle la chercheuse. Des membres du gouvernement, de la société civile, des Camerounais lambda, malheureusement continuent de justifier la loi qui criminalise l’homosexualité en évoquant la coutume, en évoquant la culture, mais en réalité, aucune justification ne peut priver une catégorie de Camerounais de ses droits fondamentaux. »
Au Cameroun, les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont toujours punies d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.
RFI