A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle française, le candidat à sa propre succession, Emmanuel Macron, a présenté jeudi les grands axes de son programme. Il a notamment annoncé son ambition de faire de la France une nation « plus indépendante », dans un contexte de crise marqué notamment par le conflit russo-ukrainien et par la pandémie de nouveau coronavirus.
Faire de la France une nation « indépendante » est plus que jamais une nécessité, selon M. Macron qui a présenté, aux Docks d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), son projet pour les cinq années à venir. « Nous avons tous mesuré nos dépendances, notre vulnérabilité durant la pandémie, et la guerre que nous sommes en train de vivre », a-t-il déclaré.
Cette indépendance sera d’abord militaire avec des investissements importants dans l’objectif de se défendre face aux crises. « Le budget des armées était de 32,3 milliards en 2017 ; il est cette année de 40,9 milliards. Nous atteindrons l’objectif des 50 milliards en 2025 », a-t-il annoncé. L’enjeu pour M. Macron, c’est de réinvestir dans les technologies de pointe et de conforter un modèle complet d’armée face à de nouveaux types de conflictualité comme le spatial et le cyber.
Il compte également remobiliser les différents leviers de l’engagement. Il s’agit notamment de la généralisation du service national universel et de l’augmentation des réservistes. Il a annoncé en parallèle un plan de mobilisation civile qui passera par un renforcement des « stocks stratégiques de la nation en recensement des compétences des Français volontaires pour être mobilisés en cas de crises graves ».
Faire une nation plus indépendante, c’est aussi investir massivement pour l’indépendance agricole, industrielle et créative, a indiqué M. Macron qui prévoit ainsi dans son programme de renforcer la formation des exploitants agricoles et d’accompagner les jeunes exploitants.
Le président sortant a également prédit des crises alimentaires les prochains mois en raison du conflit russo-ukrainien, notamment dans des pays très dépendants de ces deux-là. L’Europe doit donc, a-t-il dit, se mettre en situation de répondre à ces défis pour elle-même et pour ses partenaires. Il a souhaité également une indépendance productive, à travers des investissements pour renforcer la consolidation et la compétitivité des entreprises françaises. Il a annoncé à cet effet un plan d’investissement de 30 milliards d’euros « dans les secteurs d’avenir ».
L’indépendance énergétique est le troisième levier pour cette indépendance productive. Pour M. Macron, la France peut être la première grande nation à sortir de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon en procédant à une « planification par secteur » de la production d’énergie comme du déploiement de nouvelles filières industrielles.
Concernant le travail, le candidat a plaidé en faveur du « travailler plus » avec un allongement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Il a annoncé dans la foulée la poursuite des réformes du monde du travail, notamment celle des retraites qui avait été stoppée en raison de la crise sanitaire.
Emmanuel Macron est depuis plusieurs mois en tête des sondages. Selon le dernier sondage de l’institut IFOP publié jeudi soir, il recueille 30% des intentions de vote au premier tour, suivi de Marine Le Pen (extrême droite, 17,5%). Eric Zemmour (extrême droite) arrive en troisième position avec 13%, suivi de Jean-Luc Mélenchon (gauche, 12,5%). La candidate de droite Valerie Pécresse occupe la cinquième position avec 10,5%.