Plusieurs centaines de migrants nigériens qui mendiaient dans les rues de Dakar et dont la situation a été révélée par un reportage télévisé, ont été rapatriés dans leur pays dans la nuit de vendredi à samedi, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le vol, affrété par le gouvernement nigérien, avec 580 personnes dont de nombreux enfants, est arrivé à 01h20 (00h20 GMT) à l’aéroport de Niamey.
« L’image de notre pays est traînée dans la boue, c’est pourquoi le gouvernement veut prendre ce phénomène en main », a déclaré le ministre nigérien de l’Intérieur, Hamadou Adamou Souley, au pied de la passerelle de l’avion.
La semaine dernière, un reportage de la télévision sénégalaise TFM, largement relayé sur les réseaux sociaux, montrait les conditions de vie de nombreux migrants nigériens mendiant dans les rues de la capitale.
Le président nigérien Mohamed Bazoum avait convoqué une réunion en début de semaine « sur le phénomène de la mendicité ».
« Le gouvernement de la République du Niger a appris avec stupéfaction la présence dans les rues de Dakar, au Sénégal, de plusieurs centaines de ressortissants nigériens se livrant à la mendicité », a déclaré le porte-parole du gouvernement Tidjani Idrissa Abdoulkadri dans un communiqué lu mardi à la télévision publique.
« Il s’agit d’un trafic illicite de migrants et d’êtres humains organisé par des groupes criminels en direction de certains pays voisins et même au-delà », a-t-il déclaré.
Un message repris par le ministre de l’Intérieur samedi : « Ce n’est pas la pauvreté qui est à l’origine (de ce phénomène) mais des réseaux mafieux organisés qui trafiquent et font passer ces personnes en contrebande.
« Personne n’ira mendier s’il a les moyens de vivre dans de meilleures conditions. Mendier n’est pas une bonne chose », a déclaré Ousmane Issoufou, l’un des rapatriés à la descente de l’avion.
Selon une source diplomatique africaine, les ressortissants nigérians rapatriés vendredi soir sont partis de l’aéroport international Blaise Diagne au sud-est de Dakar.
A Dakar, ils étaient hébergés sous des tentes au stade Léopold Sedar Senghor, selon la même source, qui précise qu’ils ont été raflés mercredi à travers la capitale sénégalaise.
D’autres ressortissants également raflés mercredi étaient hébergés par le Samu social de Dakar et attendaient toujours d’être rapatriés samedi matin.
Un autre vol devrait quitter Dakar pour Niamey samedi.
Selon un responsable du Samu social de Dakar, environ 335 migrants étaient présents vendredi soir sur leur site.
Parmi les migrants se trouvaient des bébés et des personnes âgées, a constaté un journaliste de l’AFP.
Un homme de 70 ans, Enoussa Ayouba, a déclaré ne pas vouloir retourner à Niamey, après s’être rendu à Dakar il y a trois semaines avec ses deux femmes et leurs six enfants. Il espérait trouver de meilleures conditions de vie.
Outre le Samu social, la Croix-Rouge était également présente auprès des migrants à Dakar.
Le Niger, en particulier sa partie occidentale, est frappé par une grave crise alimentaire due à la sécheresse et à la violence jihadiste qui empêche les agriculteurs de cultiver leurs champs, selon l’ONU et les autorités.