Le commerce régional est davantage tourné vers les biens transformés, cependant l’intégration régionale reste très faible sur le continent.
Dans son rapport annuel « L’économie africaine 2022 », l’Agence française de développement (Afd) tire les premières leçons d’une pandémie qui a révélé de sérieux écarts de reprise à l’échelle mondiale. Après une récession de -1,3 % en 2020, la croissance africaine était de retour en 2021 (+3,7 %) et devrait se fixer à 3,8 % en 2022, selon le Fonds monétaire international (Fmi).
La reprise des entrées des capitaux, le retour des fonds de la diaspora, mais aussi l’augmentation de la demande énergétique et la hausse des cours du pétrole (+59 %) et des métaux de base (+50 %) ont bénéficié aux économies africaines, sans pour autant faire disparaître le choc économique de 2020. Misant sur la segmentation de la production, l’Afrique a pensé à un moment, avoir trouvé son modèle d’intégration en s’engageant à moindre coût sur différents secteurs de biens et services sans avoir à maîtriser la chaîne de production de A à Z.
« Malheureusement, cette prospective ne s’est pas réalisée car les prix élevés des ressources naturelles à inciter les économies à rester exportatrices de ressources naturelles plutôt qu’à développer le secteur des biens transformés », estime Julien Gourdon, économiste senior au sein de l’Afd.
Aujourd’hui, l’on observe que le commerce régional est davantage tourné vers ces biens transformés, cependant l’intégration régionale reste très faible sur le continent car, ajoute l’expert, il fallait d’abord s’entendre sur des règles de commerce et aller bien au-delà des obstacles tarifaires des accords régionaux actuels. D’où l’espoir suscité par cet accord Zlecaf qui dépasse au-delà les simples concessions tarifaires.
Faciliter les échanges
La libéralisation commerciale du continent ne s’est pas accompagnée de l’intégration régionale africaine escomptée. Selon la Cnuced, le commerce intracontinental ne représente que 15,5 % du commerce global en Afrique, contre 60 % en Asie, 68 % en Europe et 54 % en Amérique.
« La pandémie a montré qu’il était crucial d’améliorer la simplification du commerce sur le continent et la facilitation des échanges, en rationalisant et en simplifiant les procédures techniques et juridiques applicables aux produits qui entrent ou sortent d’un pays pour être échangés sur les marchés internationaux », explique Julien Gourdon.
L’amélioration du contenu des échanges pour générer davantage de valeur ajoutée à travers la création de chaînes de valeur devra par ailleurs s’accompagner d’un renforcement des capacités pour garantir le succès de la Zlecaf. « Il ne suffit pas d’avoir une main-d’œuvre bon marché pour concurrencer les pays de l’Est », précise Julien Gourdon.
Diversification des économies, développement des chaînes de valeur régionales, renforcement des infrastructures et des capacités, harmonisation et simplification des règles commerciales comptent parmi les principaux défis que devront relever les pays africains pour assurer la réussite du marché intercontinental. Néanmoins, les
retombées escomptées sont à la hauteur des défis à surmonter. La Banque mondiale estime que l’accord commercial de la Zlecaf pourrait accroître le revenu régional de 7 %, sortir 30 millions de personnes de la pauvreté d’ici 2035 et entraîner une hausse des salaires de l’ordre de 10 %, ainsi qu’une augmentation des exportations intracontinentales de 81 %.
Le Messager