Prêt à défendre les couleurs du parti présidentiel, l’All Progressives Congress, le vice-président nigérian Yemi Osinbajo a annoncé sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Mais il devra, avant d’être investi, convaincre en interne.
« Je n’ai pas de favori pour 2023 dans mon parti. Je ne donnerai pas de nom car il sera éliminé avant que je le mentionne. (…) 2023 n’est pas mon problème. Je me moque de qui me succède. Laissez la personne venir, qui qu’elle soit ». Début janvier, le président nigérian Muhammadu Buhari avait été clair : il ne fallait surtout pas lui parler de la présidentielle de février 2023. Pourtant, ce n’est un secret pour personne, c’est bien le vice-président de Buhari qui vise aujourd’hui la magistrature suprême.
En poste depuis mai 2015, Yemi Osinbajo se verrait bien, en effet, succéder au président sortant. La semaine dernière, Osinbajo a d’ailleurs annoncé officiellement ses intentions : sur les réseaux sociaux, le vice-président a affirmé vouloir défendre les couleurs du parti présidentiel, l’All Progressives Congress (APC). Yemi Osinbajo a rappelé avoir « représenté (son) pays à l’international » et vouloir « mettre au profit » du Nigeria son expérience.
Un départ peut-être un peu trop rapide. Car comme le rappelait Muhammadu Buhari, un candidat déclaré est, pour ses concurrents en interne, un homme à abattre. D’autant qu’au sein de l’APC, d’autres prétendants visent l’investiture. Parmi eux, Bola Tinubu. L’ancien gouverneur de Lagos est une personnalité puissante à l’APC et bénéficie de nombreux soutiens. Surtout, il est considéré comme le mentor de… Yemi Osinbajo. D’autres noms sont également évoqués, comme celui du ministre des Transports, Rotimi Amaechi, ou du gouverneur de Kogi, Yahaya Bello.
L’élève dépassera-t-il son maître ?
Or, avant d’espérer faire campagne pour la présidentielle, il faudra convaincre au sein de l’APC. Car pour la première fois, une primaire devrait être organisée dans les prochaines semaines. Une mesure voulue par le chef de l’Etat qui semble vouloir se tenir éloigné des luttes internes : « Vous ne pouvez pas dicter quoi faire aux gens et dire que vous être une démocratie. Donnez-leur d’autres options afin qu’ils puissent faire un choix », indiquait Buhari en janvier, en parlant de cette fameuse primaire.
Une primaire qui pourrait s’annoncer plus difficile que prévu. Et Osinbajo le sait. Pour s’opposer à Bola Tinubu, il devra mettre de côté son amitié et, surtout, sa reconnaissance envers celui qui lui a permis de devenir vice-président. Voilà plus de dix ans qu’Osinbajo organisait les anniversaires de Tinubu au sein de son parti. Pour la première fois cette année, il a préféré ne pas être présent à l’événement. Preuve qu’entre les deux hommes, la guerre a déjà été lancée.
Reste à savoir comment les membres de l’APC voteront. Car si Osinbajo est relativement populaire, notamment parce qu’il bénéficie de l’image de Buhari, le vice-président manque de soutiens au niveau local, notamment dans le Nord du pays. A la différence de Tinubu qui peut séduire plus facilement la base. Et si, finalement, c’était le choix de Buhari qui primait ? Nul doute qu’un soutien du chef de l’Etat permettrait de départager les deux hommes.
Quel que soit le candidat choisi, il faudra qu’il ne déçoive pas. Car face à l’APC, le Peoples Democratic Party (PDP) présentera Atiku Abubakar. En 2019, ce dernier a obtenu plus de 41 % de suffrages. L’APC ne peut pas se permettre de perdre du terrain face au PDP. Et forcément, la primaire sera un moment clé dans la campagne.
Le Journal de l’Afrique