Au sud du Bénin, ce sont des centaines de femmes qui transforment le manioc, regroupées en coopératives.
Le gari (farine de manioc) et ses dérivés ont une importance sociale et économique considérable au Bénin.
La farine de manioc est l’un des principaux aliments de base du pays et contribue à l’autosuffisance alimentaire.
La cuisson de la farine de manioc (garification) se fait traditionnellement en brûlant du bois que les femmes doivent ramasser quotidiennement et représente un défi supplémentaire.
« Il faut chercher du bois mais il faut aller très loin pour en trouver. Il n’y a pas de bois près d’ici. On marche jusqu’à 2 à 3 km pour apporter du bois pour la cuisinière » raconte Reine Ogoubi, une manioc enceinte de 7 mois processeur.
Les tubercules de manioc sont ensuite épluchés, une activité qui se fait toujours en groupe, au rythme de chants et de danses pour rendre le travail moins pénible.
Après avoir constaté les difficultés rencontrées par les agricultrices, Grace Chidikofan a conçu un bio-digesteur.
Les épluchures de manioc et autres déchets organiques issus de la production de gari y seront désormais déversés.
Le biogaz produit remplacera le bois de chauffage dans la fabrication du gari, tandis que le compost organique issu de la production de biogaz sera utilisé comme engrais dans les champs de manioc.
L’initiative réduira la déforestation et augmentera les revenus de 350 femmes transformatrices de manioc.
« C’est une technologie abordable, simple d’utilisation et ces femmes l’ont démontré. Après une courte formation, elles ont rapidement pris le coup de main, et maintenant elles l’utilisent très facilement. Et cela leur permet aussi d’être autonomes en énergie. » ; ils produisent leur propre énergie sur place et ils l’utilisent » explique Grace Chidikofan, coordinatrice du projet de l’ONG Afrique Espérance.
En adoptant le biogaz comme source d’énergie alternative, les quelque 350 femmes qui transforment le manioc dans la commune de Zé réduiront les coûts de production du gari, tout en protégeant leur santé et l’environnement.
La production d’un kilogramme de gari nécessite en moyenne 1,30 à 2,40 kg de bois selon le type de ménage.
Les femmes sont donc exposées près de 10 heures par jour à la fumée générée par la combustion du bois de chauffage.
Ces fumées peuvent éventuellement provoquer des maladies respiratoires, cardiovasculaires et oculaires.
« Nous avions l’habitude d’abattre des arbres mais cela a causé le manque de pluie et il n’y a plus de sources de bois. Nous avons donc renoncé à la déforestation et le bio-digesteur nous fournit de l’engrais que nous utilisons sur nos plantes sans avoir à recourir à engrais importés », a déclaré Paula Gnacadja, présidente de l’association Ayiminazé.