La junte malienne a annoncé dimanche qu’elle quitterait une force anti-djihadiste ouest-africaine après qu’elle a été empêchée d’assumer la présidence du groupe régional.
Le départ du pays de la force de sécurité du G5 Sahel aggrave son isolement après que ses voisins l’ont frappé de sanctions en janvier pour avoir semblé traîner les pieds dans la restauration d’un régime civil.
Les relations diplomatiques du Mali avec ses alliés occidentaux, dont l’ancienne puissance coloniale française, se sont également détériorées, en particulier lors de son récent rapprochement avec la Russie.
Plus tôt ce mois-ci, le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que l’instabilité politique et les violations des droits de l’homme au Mali et au Burkina Faso sapaient les opérations anti-jihadistes au Sahel, et a appelé à rendre le pouvoir aux civils dès que possible.
Mais la junte malienne affirme qu’elle est victime de politicaillerie.
« Le gouvernement du Mali décide de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la force conjointe » combattant les jihadistes, a annoncé Bamako dans un communiqué.
« L’opposition de certains Etats membres du G5 Sahel à la présidence du Mali est liée aux manœuvres d’un Etat extérieur à la région visant désespérément à isoler le Mali », a-t-il ajouté, sans nommer ce pays.
Le G5 Sahel, qui comprend également la Mauritanie, le Tchad, le Burkina et le Niger, a été lancé en 2014, avec une force anti-jihadiste ajoutée en 2017.
Les chefs d’Etat du groupe devaient se réunir à Bamako en février pour voir le Mali assumer la présidence du G5, mais près de quatre mois plus tard, cette réunion « n’a toujours pas eu lieu », a indiqué la junte.
Le Mali est aux prises avec des sanctions imposées par d’autres pays d’Afrique de l’Ouest suite à la décision de l’armée de conserver le pouvoir à la suite de plusieurs coups d’État.
La junte a opté pour une transition de deux ans, tandis que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pousse pour 16 mois maximum.
L’armée a initialement pris le contrôle en août 2020 alors que l’insurrection djihadiste du pays qui a duré une décennie a infligé un nombre croissant de morts et forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs maisons.
Un deuxième coup d’État de facto a eu lieu en mai 2021, lorsqu’Assimi Goita a chassé un gouvernement civil intérimaire et pris la présidence.
La violence qui sévit au Mali depuis 2012 a impliqué des attaques de djihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe dit État islamique, mais aussi un assortiment de milices et de bandits autoproclamés.
Dans un rapport du 11 mai au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que le vague calendrier de transition du Mali entravait la capacité de la force anti-jihadiste du G5 à fonctionner.
« Entre autres problèmes, l’incertitude sur les délais de transition au Mali et le coup d’État du 23 janvier au Burkina Faso ont considérablement ralenti le rythme opérationnel de la Force conjointe », a déclaré le rapport du chef de l’ONU, obtenu par l’AFP.