Cinq leaders de l’opposition ont été inculpés et emprisonnés lundi au Tchad pour avoir troublé l’ordre public lors d’une manifestation samedi contre la France, accusée de soutenir la junte militaire, a indiqué le parquet de N’Djamena à l’AFP.
Lorsque le président Idriss Déby Itno a été tué il y a plus d’un an au front contre les rebelles, son fils le général Mahamat Idriss Déby Itno a pris les rênes du pays à la tête d’un groupe de 15 généraux, qui ont été immédiatement avalisés par la communauté internationale , avec Paris en tête, tandis que d’autres putschistes subissaient sa colère et ses sanctions ailleurs en Afrique.
Sept stations-service appartenant à la compagnie pétrolière française Total ont été vandalisées et 12 policiers blessés samedi lors d’une manifestation anti-française rassemblant des centaines de personnes à N’Djamena, selon un responsable de la police qui a requis l’anonymat.
Cinq dirigeants de la principale coalition d’opposition, Wakit Tamma, qui organisait la marche, ont été arrêtés dans la foulée.
Gounoung Vaima Gan-Fare, secrétaire général de l’Union des syndicats du Tchad, Youssouf Korom Ahmat, secrétaire général de l’Union des commerçants fournisseurs du Tchad, Massar Hissène Massar, président du Rassemblement des leaders de la société civile, Koudé Mbainassem, président de l’Association pour la liberté d’expression, et Allamine Adoudou Khatir, ancien ambassadeur, « ont été inculpés de rassemblement provoquant des troubles à l’ordre public, atteinte à l’intégrité physique des personnes, incendie volontaire et destruction de biens, placés sous mandat d’arrêt et incarcérés à la prison de Klessoum » dans la capitale, a indiqué lundi soir à l’AFP Moussa Wade Djibrine, procureur près le tribunal de première instance de N’Djamena.
Wakit Tamma considère qu’ils ont été arrêtés à tort pour des « actes de vandalisme » commis par d’autres en marge ou après sa manifestation et demande leur libération immédiate.
Plusieurs partis d’opposition et mouvements rebelles réclament également leur libération.
« Ce qui s’est passé hier est extrêmement grave (…), les gens répondront de leurs actes », a prévenu dimanche soir le ministre de la Communication Abderamane Koulamallah.
« Il est temps que cela s’arrête. Il est temps aussi de mettre un terme aux allégations fausses et infondées qui circulent sur le redéploiement des forces françaises à l’intérieur du pays », a déclaré lundi le général Mahamat Déby, président de transition autoproclamé. réunion de sécurité.
La junte a dissous le parlement, limogé le gouvernement et abrogé la constitution en annonçant la mort d’Idriss Déby le 20 avril 2021. Mais elle a immédiatement promis « des élections libres et démocratiques » dans les 18 mois, à l’issue d’un dialogue de réconciliation nationale.
Depuis lors, ce forum qui, selon le chef de l’État, devrait rassembler tous les groupes politiques et armés de l’opposition, n’a pas pu démarrer, les groupes armés n’ayant pas pu s’entendre avec la junte dans un « pré-dialogue » à Doha et l’opposition politique s’est retirée de son organisation.